Le langage

« Lors de l’apparition du langage, le jeune enfant se trouve aux prises, non plus seulement avec l’univers physique comme auparavant, mais avec deux mondes nouveaux et d’ailleurs étroitement solidaires : le monde social et celui des représentations intérieures. Or, on se rappelle qu’à l’égard des objets matériels ou des corps, le nourrisson a débuté par une attitude égocentrique… (…) de même le jeune enfant réagira d’abord à l’égard des rapports sociaux et de la pensée naissante par un égocentrisme inconscient, qui prolonge celui du bébé, et ne s’adaptera que progressivement selon des lois d’équilibre analogues, mais transposées en fonction de ces réalités nouvelles. »
Jean PIAGET Six études de psychologie, 1964.

L’acquisition du langage débute dès la première année de vie. A ce stade, le jeu en tant qu’activité va contribuer au développement de l’enfant. Les manifestations vocales du bébé qui, au début, permettent une décharge de tension, traversent des modifications progressives jusqu’au moment où elles deviennent un jeu. L’enfant répète et imite les sons qu’il a lui-même produits.

Au commencement, le nourrisson ne fait pas la différence entre les sons provenant de son environnement et les siens. En raison des processus de maturation, les différents secteurs des organes perceptifs se séparent les uns des autres au cours des deux premiers mois.

A un certain point de ce processus, vers le troisième mois, le nourrisson s’aperçoit qu’il peut écouter les sons qu’il a lui-même produits, sons qu’il découvre comme différents de ceux qui proviennent de l’entourage. Il ne peut contrôler ces derniers, alors qu’il a le pouvoir de s’amuser à produire des bruits incessants ou à cesser d’en faire.

Après le troisième mois, l’enfant expérimente sa maîtrise de la lallation. Il crée son propre écho et sa première imitation acoustique.

Six mois plus tard, son expérience lui servira à imiter les sons produits par sa mère. Cette période illustre quelque peu le passage du stade narcissique, où l’enfant se prend lui-même comme objet, au stade des relations objectales proprement dites.

A la fin de la première année, lorsque l’enfant répète les sons et les mots produits par sa mère, il remplace l’objet constitué par sa propre personne par un objet appartenant au monde extérieur, sa mère.