L’enfant réel imaginaire

Au moment de la naissance, mais également lors de la grossesse, tout ce que l’enfant ou le fœtus fait est immédiatement inséré dans un faisceau de significations de la part des parents. Ces derniers ne réagissent pas à l’aspect objectif du comportement de l’enfant mais à un sens qu’ils attribuent. C’est leur monde subjectif qui est à l’œuvre (Hinde, 1976). Les enfants semblent se connaître en lisant dans les yeux de leur mère. Ces contributions subjectives, bien que paraissant extrêmement puissantes, ne sont pas pathologiques. Ce serait même un ingrédient essentiel au développement du self de l’enfant. C’est le phénomène de projection.

Néanmoins :

‘« ...quand les projections sont massives, qu’elles ne tiennent pas compte de l’individualité de l’autre, la distorsion de la réalité interfère avec les relations. » (Brazelton & Cramer, 1990) ’

Ces phénomènes d’identification projective peuvent avoir des aspects adaptatifs et destructeurs. Au niveau pathologique, il y a imbrication profonde entre parents et bébé.

La cause de cette imbrication peut être le retour du fonctionnement infantile du parent au moment de la naissance. Leurs propres conflits et leurs angoisses s’accroissent. Kreisler (1987) parle du retour de la névrose infantile des parents.

Le phénomène de symbiose décrit par Mahler peut également expliquer ces conséquences. Les parents percevraient les comportements du bébé comme l’expression de ses fantasmes intérieurs. Par exemple, le bébé exprimerait le fantasme rappelant une personne importante du passé du parent, il représenterait une part du self inconscient du parent.

Nous ne pouvons échapper à de nouveaux attachements sans l’appui des précédents. Ce comportement s’accomplit habituellement par des signes discrets, par la perception des éléments du passé dans le bébé, par ex. « Il a les yeux du grand-père. »