CHAPITRE III : LE SPECTRE AUTISTIQUE

« Je pense quant à moi qu’une moitié de la population est folle, et que l’autre moitié n’est pas très sensée. »
Tobias SMOLLET Les Aventures de Monsieur Lancelot Greaves, 1760.

La présentation du sujet de cette recherche évoquait nos interrogations sur l’élargissement actuel de la définition du terme « autisme ». Les origines de ce terme pourraient nous orienter sur un recadrage nosographique de l’Autisme Infantile.

La plupart des travaux sur l’Autisme Infantile se fondent soit de la première description de ce syndrome par Leo Kanner (1943), soit de la première utilisation du terme « autisme » au sein d’une pathologie par Eugen Bleuler (1911).

Le terme « autisme » a été employé par Bleuler pour désigner la perte du contact avec la réalité chez des malades schizophrènes adultes. Parmi les cas rencontrés il s’est inspiré de la description de Mme X pour définir ce trouble. Mme X était une femme intelligente considérée par ses proches comme « neurasthénique ». Elle avait construit autour d’elle une sorte de « mur mental » la confinant si étroitement qu’elle se sentait « comme dans une cheminée ». Bleuler a rassemblé d’autres observations montrant que certains malades s’étaient coupés du monde extérieur pour vivre enfermés dans leur propre monde. Il a appelé « autisme » ce détachement de la réalité avec la prédominance de la vie intérieure. Bleuler a su montrer que ces personnalités à troubles autistiques associés n’étaient ni démentes ni retardées et pouvaient même avoir une vie intérieure très riche.

Les travaux de Bleuler sur l’autisme du schizophrène permettent de comprendre la raison des discussions actuelles au niveau de la difficulté de définition du terme « autisme », et principalement en référence à sa réflexion quant aux schizophrénies.