« L’autisme de Bleuler »

Parmi les symptômes fondamentaux des pathologies schizophréniques, E. Bleuler met en avant l’autisme de ses patients. Il est à noter qu’à l’époque où Bleuler emploie le terme « autisme » (1911), aucune description de l’Autisme Infantile n’a été établie (1943).

L’autisme de Bleuler se fonde sur le modèle de l’auto-érotisme freudien. Bleuler ôtera toute référence à la sexualité en se rapprochant de l’autisme jungien. Ce qui froissera quelque peu Freud (Jones, 1979).

Bleuler constate une déficience de ses patients au niveau de l’interaction, des difficultés de contact, un repliement sur soi, sur leurs désirs, leurs préoccupations et leurs pensées intimes. Il parle d’une prédominance d’un monde intérieur au détriment des relations avec la réalité.

Nous retrouvons une forme autistique assez proche de celles décrites par Kanner et Asperger (1943 ; 1944), tant au niveau des symptômes primaires que secondaires : écholalie, impression de surdité, hypersensibilité cutanée… Une corrélation avec la description de l’Autisme Infantile, décrite trente ans plus tard, est retrouvée.

Une distinction est à noter. Bleuler considère le monde de ses patients divisé entre la réalité du monde réel et la réalité du monde autistique qu’il leur arrive de confondre. L’autisme jungien est bien retrouvé. Jung lie l’autisme au monde du rêve, ce dont nous nous sommes éloignés depuis.

En 1943, Kanner différenciera le schizophrène, qui se retire du monde, du sujet porteur d’Autisme Infantile qui n’a jamais réussi à y entrer :

‘« Alors que le schizophrène essaye de résoudre son problème en quittant un monde dont il faisait partie et avec lequel il était en contact, nos enfants arrivent progressivement au compromis qui consiste à tâter prudemment un monde auquel ils ont été étranger dès le début. » (Kanner, 1943)’