Les troubles autistiques des névrosés

« Il arrive que des patients névrosés, enfants et adultes, aient des capsules d’autisme cachées. »
Sidney KLEIN « Autistic phenomena in Neurotic Patients », International Journal of Psychoanalysis, 1980.

Ce concept de capsules d’autisme chez les patients névrosés a été repris par Frances Tustin en 1972. Pour Tustin, la « mise en capsule » de ces sujets est une protection courante face à une agression non maîtrisable psychiquement. C’est un mécanisme de défense que nous retrouvons chez des patients normaux, avec toutefois une intensité moindre. Nous le retrouvons également chez les patients névrotiques, de manière un peu plus présente.

Cette réaction est constatée dans la pratique clinique. La plupart des sujets névrotiques, dont la pathologie a atteint un certain degré d’intensité, se coupent du monde extérieur. Cette réaction est une des premières conséquences de leur pathologie.

Le sujet névrotique a conscience de son état, il sait que le monde extérieur peut le percevoir. Il décide de fuir tout contact social afin d’éviter le regard de l’autre.

D’autres troubles présents dans l’Autisme Infantile peuvent être observés, notamment le trouble de l’image du corps. Ce trouble s’exprime de façon évidente dans l’anorexie et l’hystérie. Mais il peut également être présent chez les névrosés obsessionnels, les phobiques, les maniaco-dépressifs et dans les syndromes de stress post-traumatique.

Nous pouvons également citer le développement de « formes autistiques » décrites par F. Tustin.

‘Exemple d’un patient névrosé du Dr Hilary Jones (Tustin, 1972) :
Hilda : « À l’intérieur de mon esprit, c’est comme dans un musée le dimanche – il n’y a personne, et tout est enfermé dans des vitrines et des armoires. »
« Elle aimait étudier – Les mathématiques, en particulier, avaient un effet calmant sur elle -, et se mit à travailler avec acharnement. » ’

Cette vignette nous présente deux caractéristiques autistiques chez cette patiente : l’impossible ouverture au monde et une recherche d’apaisement de ses troubles par le recours à des formes autistiques.

Les troubles autistiques des patients névrotiques semblent être une conséquence de leur pathologie. Ils seraient un moyen de défense face aux troubles et à la dépendance à ces troubles.

Inversement, notre hypothèse de la présence de défenses névrotiques au sein des pathologies autistiques peut être envisagée.

Préalablement à l’apparition de symptômes autistiques, il semblerait que l’enfant développe d’autres troubles. Les témoignages des parents rencontrés évoquent souvent des troubles alimentaires ou du sommeil, entre autres, dès la naissance. Vers la deuxième année de vie peuvent apparaître des comportements de type obsessionnel tels que des rituels et des perturbations face aux changements. Des troubles phobiques et des balancements peuvent également se rencontrer. De nombreux troubles développés dans la petite enfance sont proches de ceux retrouvés dans des pathologies névrotiques.

Cette réflexion sera développée plus en détail dans la suite de l’exposé de nos travaux.