Leo KANNER

« C’est parce que j’ai eu la chance d’être là au bon moment que mon nom a été associé à une maladie qui n’avait pas été décrite auparavant. »
Leo KANNER, 1966.

Leo Kanner, pédopsychiatre d’origine Austro-hongroise, a émigré aux Etats-Unis dès le début de sa carrière. Durant de nombreuses années il a été considéré comme l’unique précurseur de la nomination et de la description de l’Autisme Infantile. Une certaine notoriété américaine du champ de la recherche, rapidement installée en Europe, serait la cause de ce phénomène de popularité de Kanner et de ses découvertes, et d’une absence de reconnaissance des travaux de Asperger.

En 1943, dans un article de la revue Nervous Child, Leo Kanner décrit et nomme pour la première fois l’Autisme Infantile au travers de la description de onze cas d’enfants :

‘« Les onze enfants (huit garçons et trois filles) dont les histoires ont été brièvement présentées, offrent comme on doit s’y attendre, des différences individuelles dans les degrés de leur troubles, dans les manifestations des signes spécifiques, dans les constellations familiales et dans leur évolution au cours des années. Mais même un bref survol du matériel fait émerger un certain nombre de caractéristiques communes essentielles. Ces caractéristiques forment un ‘syndrome’ unique, jusqu’ici non décrit et assez rare semble-t-il, mais qui cependant serait probablement plus fréquent que ne l’indique la rareté des cas observés. Il est tout à fait possible qu’un certain nombre d’enfants semblables aient été considérés comme faibles d’esprit ou schizophrènes. » (Kanner, 1943)’

Les causes des difficultés de nomination puis du diagnostic peuvent être diverses, nous l’avons vu précédemment. Ces difficultés ne sont pas uniquement dues à la complexité de la pathologie. Le diagnostic peut diverger selon que le sujet est intégré dans une institution d’orientation psychodynamique, éducative ou autre. Le caractère environnemental joue également un rôle primordial. Ce facteur supplémentaire complexifie la compréhension de la pathologie en termes de définition nosographique et évolutive.

‘« Tels ont été les sorts des 11 enfants, dont les comportements dans la petite enfance était si semblables qu’ils suggéraient la délimitation d’un syndrome spécifique. Les résultats de ce suivi sur près de 30 ans ne se prêtent pas à des considérations statistiques en raison du nombre réduit de cas impliqués. Par contre, il invite à de sérieuses interrogations sur l’éventail des évolutions qui vont de la détérioration complète à une adaptation professionnelle associée à une adaptation sociale limitée mais superficiellement bonne.
(…) La question se pose alors de savoir si ces enfants auraient connu un meilleur destin dans un environnement différent (…) Bien que tout laisse à penser qu’une réponse affirmative soit correcte, on ne peut s’empêcher de se demander si un autre élément, encore impossible à déterminer actuellement, peut avoir une influence sur le devenir des enfants autistes. Il est bien connu en médecine que toutes les maladies peuvent apparaître avec différents degrés de sévérité, depuis la forme appelée forme frustre jusqu’au tableau le plus floride. Ceci peut-il s’appliquer à l’autisme infantile ? » (Kanner, 1971).’

Nous apercevons, dès l’époque de Kanner, que la description de cette pathologie ne se limite pas à son entité. Les notions de l’époque ne lui permettent pas d’obtenir les outils nécessaires pour répondre à ses interrogations. Il finit son article en souhaitant de vives avancées médicales, biochimiques, étiologiques et dans le domaine de la collaboration des parents pour mieux appréhender la nature de ce trouble.

Bien que le progrès puisse paraître lent c’est dans cette direction que nous nous sommes orientés pour arriver aux connaissances actuelles sur les différentes formes d’Autisme Infantile.