En Psychanalyse

« Les grandes douleurs sont muettes, a-t-on dit. Cela est vrai. Je l’éprouvai après la première grande douleur de ma vie. Pendant six ou huit mois, je me renfermai comme dans un linceul avec l’image de ce que j’avais aimé et perdu. Puis, quand je me fus pour ainsi dire apprivoisé avec ma douleur, la nature jeta le voile de la mélancolie sur mon âme. »
Alphonse de LAMARTINE « Souvenir », Commentaire sur la neuvième méditation poétique, 1849.

La particularité des recherches psychanalytiques, à la différence des autres, réside dans l’étude de cas. Nous avons constaté la difficulté de comprendre l’Autisme Infantile tant au niveau étiologique et évolutif que nosographique. L’apport de la psychanalyse et de ses études de cas permet de concevoir la particularité de chacun de ces enfants et par conséquent d’aider à la compréhension de cette hétérogénéité.

Ces études sont complémentaires des études dites « statistiques » ou groupales dans le sens où elles expliquent les divergences et la confirmation des découvertes heuristiques de ces dernières.

Un des exemples qui illustre le mieux l’apport de ces travaux est celui du processus autistisant de J. Hochmann. Celui-ci a permis à la fois aux disciplines de se rapprocher et d’expliquer l’influence des unes sur les autres dans l’Autisme Infantile, et le rôle évident de chacune d’elles dans le processus évolutif de ce syndrome.

Le développement des échanges interdisciplinaires à permis de nombreuses avancées dans les modalités de recherche, de pensées et donc dans la compréhension de l’Autisme Infantile.

Les interprétations des premiers travaux psychanalytiques ont eu un retentissement considérable dans le monde scientifique et familial de l’enfant au diagnostic d’Autisme Infantile. Depuis de nombreuses années, les mentalités convergent vers cette cohérence multidisciplinaire. L’idée que la psychanalyse reste fermée à ses anciennes théories n’est plus d’actualité. Parmi les grands psychanalystes intégrés dans la recherche sur les autismes, Frances Tustin a eu un parcours exemplaire. De ses tâtonnements kleiniens à son ouverture disciplinaire elle est passée d’une représentation psychogénétique à une multifactorialité des autismes. Chaque cas serait imprégné de facteurs pathologiques divers nécessaires pour la constitution du syndrome et les modalités de répartition fréquentielle des symptômes seraient tout aussi diversifiées selon le type de pathologie autistique. Dans ses derniers travaux elle évoque d’ailleurs une influence génétique de certains autismes tout en maintenant l’importance de la présence de nombreux autres facteurs.

‘« Un syndrome aussi spécifique et aussi rare résulte probablement de l’interaction de plusieurs facteurs, qui ont une chance minime de se trouver réunis en même temps. En m’appuyant sur des preuves cliniques, j’avancerais que certains facteurs opérationnels, dans cette combinaison de symptômes qu’est l’autisme infantile précoce, seraient d’ordre génétique, notamment un potentiel intellectuel bon ou supérieur, chez un enfant qui a une aptitude innée à reconnaître les modèles et les formes ; et aussi des réponses hypersensibles aux stimuli sensoriels (…) un enfant présentant les caractéristiques que je viens de citer est particulièrement disposé à des traumatismes oraux engendrés par la séparation d’avec la mère, et constitue ce qu’on appelle un bébé "difficile" à élever. » (Tustin, 1972)’