L’évolution

« Toutes les combinaisons imaginables peuvent se produire dans l’évolution de la maladie. »
Eugen BLEULER Dementia præcox ou groupe des schizophrénies, 1911.

En étudiant les symptômes primaires de l’Autisme Infantile, Kanner distingue, dans ce qu’il appelait au début le trouble relationnel, deux symptômes principaux : la solitude autistique et l’immuabilité.

Dans la solitude autistique l’enfant refuse le contact avec le monde extérieur. Il y a comme une césure entre le monde extérieur et le monde intérieur.

Du fait d’un désir d’immuabilité de la part de l’enfant, le monde extérieur est fixé dans une permanence immobile où tout doit être à la même place et où même les actions doivent se dérouler dans le même ordre que celui où l’enfant les a découvertes pour la première fois.

Ces deux symptômes sont présents très tôt dans le développement de l’enfant atteint d’Autisme Infantile, à savoir dès le deuxième semestre de sa vie. Cependant, la description d’un enfant de six mois est différente de celle d’un enfant plus âgé. Kanner (1946) distingue le comportement passif de ces symptômes du comportement actif qui se met en place ultérieurement. L’autisme passif est le comportement de l’enfant tel qu’il est défini par les parents très tôt dans son développement : autosuffisant, comme dans une coquille, agissant comme si personne n’était là, parfaitement oublieux de tout, donnant l’impression d’une silencieuse sagesse…

Le comportement actif apparaîtrait à l’acquisition de la marche lorsque l’enfant a la capacité d’intervenir sur son environnement. L’immuabilité se manifeste alors par des rituels de comportement et l’impossibilité de déplacer des objets dans le champ d’investigation de l’enfant, ce qui traduit activement sa volonté de ne vouloir rien changer à son cadre de vie.

Les symptômes secondaires, qui découlent du trouble primaire, sont les troubles psychomoteurs et alimentaires, les troubles du langage et du comportement ainsi que les troubles intellectuels.

Dans l’Autisme Infantile primaire, les troubles alimentaires se manifestent précocement soit par des vomissements, soit par des repas interminables. Cependant, ces troubles peuvent disparaître assez rapidement.

Les troubles psychomoteurs apparaissent généralement au cours du deuxième semestre de vie et peuvent se manifester par une apathie générale de l’enfant, une absence de réaction anticipatrice pour être pris dans les bras, des balancements rythmiques…

Les troubles du comportement sont caractérisés par ce désir obsessionnel d’immuabilité autant en ce qui concerne les objets inanimés que les objets animés.

De manière générale, Aussilloux et Baghdadli (2002) évaluent les potentialités évolutives des sujets au diagnostic d’Autisme Infantile de la façon suivante :