Les relations sociales

L’isolement autistique n’est donc pas permanent. Nous l’avions préalablement constaté avec Frith qui expliquait l’impossibilité de poser le diagnostic d’Autisme Infantile pour les enfants âgés de plus de 5 ans car les troubles relationnels s’estompent à partir de cette période.

L’attachement aux personnes et les capacités interactionnelles se développent au fur et à mesure de l’évolution de l’enfant.

La compréhension des mimiques reste difficile mais le contact oculaire s’améliore souvent spontanément avec l’âge. Après 5-7 ans, l’enfant devient souvent plus sociable, il reconnaît plus facilement son entourage et communique si nous lui en donnons les moyens. L’enfant hyperactif devient quelquefois un adolescent trop passif auquel il est difficile de proposer des activités.

Lorna Wing (1996) travaille sur les différentes formes d’Autisme Infantile depuis plus de trente ans. Elle distingue 3 catégories :

  • les « distants » ;
  • les « passifs » ;
  • les « actifs mais bizarres ».

Le groupe des distants est, par définition, celui qui apparaît le plus coupé du monde extérieur. La tendance à rejeter tout contact physique et toute relation non sollicitée peut persister à l’âge adulte. Malgré tout, une telle personne reste très dépendante de quelques adultes familiers et peut se trouver très perturbée au moindre changement dans son environnement. Il s’agit là en général d’un sous-groupe avec une absence partielle ou totale de communication verbale. C’est aussi le sous-groupe qui présentera les troubles du comportement les plus importants (agressivité, automutilation, fugues etc.) et de ce fait, les plus grandes difficultés d’intégration sociale.

Les passifs sont les plus faciles à prendre en charge et à intégrer dans un groupe. Ils ont en général plus d’aptitudes que ceux du premier groupe. Ils risquent de rester isolés car ils ne prennent pas d’initiative, mais ils acceptent assez facilement de se joindre à un groupe s’ils sont sollicités. Cependant comme pour tout être humain, l’intégration à un groupe sera liée au caractère propre de l’adulte. Quelques-uns peuvent acquérir un certain degré d’autonomie, mais une supervision assez étroite sera toujours nécessaire.

Les actifs mais bizarres ont une « présence » qui s’impose à l’attention : ils se lancent dans de longs monologues ou posent sans cesse les mêmes questions. Totalement incapables de moduler leur discours ou leur comportement en fonction du groupe, ils en seront d’autant plus rejetés. Parfois, c’est leur façon même de s’exprimer qui parait bizarre et qui inquiète l’interlocuteur. Les distants et les passifs seront souvent considérés comme débiles mentaux, alors que ceux-ci se verront coller l’étiquette de fous ou de psychotiques. Nous avons dans un premier temps tendance à sous-estimer la gravité de leur handicap du fait même que leur langage évolue et qu’ils semblent rechercher les contacts sociaux.

Chez ces derniers, la motivation ne manque pas et ils réclament d’eux-mêmes davantage de contacts sociaux. Le problème réside dans la difficulté qu’éprouvent les sujets au diagnostic d’Autisme Infantile à saisir les règles subtiles qui régissent les relations sociales.