Eugène MINKOWSKI

La présentation des travaux d’Eugène Minkowski s’inspire à nouveau de l’importance que nous portons aux recherches sur les pathologies schizophréniques en tant que point d’ancrage et d’élan à nos propres réflexions.

L’entrée dans une forme schizophrénique

Minkowski a été l’élève direct de Bleuler. Il a développé une notion importante des troubles schizophréniques : l’autisme.

Bleuler attribuait la Spaltung à un relâchement des associations. Minkowski (1966) va se séparer de Bleuler en n’attribuant plus la Spaltung à un relâchement des associations, mais à une « perte du contact vital avec la réalité ». Cette définition est, selon lui, inventée de ses patients. Dès ses premiers travaux, dans son article de 1924, « Les schizophrènes peints par eux-mêmes », il précise que la description de ses patients découlait de leurs propres représentations et définitions d’eux-mêmes.

L’évolution de son travail l’a amené à remplacer le terme « perte » par la notion de « rupture », par la dimension sociale de cette notion, la rupture avec le monde humain. Il souhaitait mettre l’accent sur la « brutalité » du phénomène dans la continuité du comportement. Minkowski, en s’éloignant de son maître, s’est rapproché des théories bergsoniennes. Il lui a d’ailleurs été reproché de faire des interprétations d’ordre métaphysique et de s’éloigner du caractère psychologique du trouble.

Ces confrontations ont cependant permis l’accès à une réflexion plus ouverte que celles déterminées à la base.

Notre réflexion irait dans le sens suivant : y a-t-il perpétuellement « brutalité » ? Les travaux de Bleuler nous ont permis de constater, d’une part, qu’il n’y avait pas une pathologie schizophrénique mais des schizophrénies ; d’autre part, que celles-ci ne se déclenchaient pas toutes de la même manière. Certaines auraient cette forme brutale dans leur développement mais d’autres proviendraient d’un caractère pathologique chronique.

Pour Minkowski, le trouble fondamental des pathologies schizophréniques est un trouble de l’adaptation à l’existence. La qualité de la relation entre la personne et le monde extérieur n’aboutirait pas seulement à une dislocation de la personne par rapport à l’entourage, mais à la dislocation de la personne avec elle-même. Nous retrouvons ici à la fois l’idée de morcellement et celle des difficultés d’interconnexion mentale dans l’Autisme Infantile.