Autisme précoce / Autisme Tardif

À présent nous nous accordons tous sur le fait que les modalités d’apparition de l’Autisme Infantile sont variables. Les chiffres évoqués précédemment nous présentent des formes dont l’apparition est insidieuse, voire « secondaire », et qui fait suite à une période durant laquelle le développement de l’enfant est apparemment satisfaisant.

Cependant, la présence de troubles précoces chez un enfant n’est pas nécessairement évocatrice d’une évolution vers l’Autisme Infantile. Le développement de ce syndrome est encore plus complexe.

Plusieurs types de développement sont envisageables.

En 1991, Sparling rapporte le cas d’un nourrisson qui a été périodiquement évalué, de sa naissance à l’âge de quatre ans, dans le cadre d’une étude sur le risque obstétrical. Le diagnostic d’Autisme Infantile a été posé à l’âge de trois ans. L’évaluation néonatale à l’aide de l’échelle de Brazelton montrait des trémulations excessives et des sursauts. Un film vidéo des interactions parents-enfant, réalisé à l’âge de trois mois, révélait un petit retard dans la communication sur les versants expressif et réceptif, ainsi que dans la tolérance à la frustration.

Une seconde analyse du film a montré un contact oculaire limité chez l’enfant, alors que la mère dépensait visiblement beaucoup d’énergie pour maintenir une interaction avec son enfant.

A l’inverse, Eriksson et De Château (1992) ont présenté l’histoire du développement d’une petite fille, rapportée par ses parents et les films vidéo réalisés depuis sa naissance. A l’âge de douze mois, l’enfant faisait « au revoir », jouait à « coucou me voilà », babillait et utilisait des jouets de façon adaptée.

A treize mois, sans cause médicale apparente, l’enfant a perdu tout intérêt pour l’environnement. Les images du film la montraient calme, en retrait, moins active dans ses jeux et souvent prise dans des activités répétitives. Le diagnostic d’Autisme Infantile a été posé à l’âge de trente et un mois.

L’existence de troubles précoces de l’interaction sociale n’implique pas nécessairement une évolution vers un syndrome autistique. Zeanah et al. (1988) ont présenté le cas de la jeune sœur d’un enfant diagnostiqué Autisme Infantile. Une consultation filmée, alors que l’enfant était âgée de huit mois  révélait de nombreux signes préoccupants : absence de réaction affective, sourires rares, calme, rigidité posturale et absence d’attitude anticipatrice. Quelques mois plus tard, elle a été capable d’initier des jeux de cache-cache et présentait une bonne qualité d’attention conjointe.

Les travaux présentés jusqu’à maintenant nous ont permis d’avancer sur des hypothèses développementales en terme de distinction intergroupale mais restent limités vis-à-vis des facteurs qui pourraient déclencher l’Autisme Infantile.

De plus en plus de recherches tendent vers des hypothèses d’ordre organique, génétique ou neurologique. Dans le cas des Autistes à Début Tardif, la question des causes et des facteurs entraînant cette apparition tardive de la pathologie laisse d’autant plus perplexe.

L’étude évoquée précédemment de Davidovitch et al. (2000) sur le groupe de 39 mères d’enfants au diagnostic d’Autisme Infantile ayant présenté une régression ou sans régression, a tenté d’analyser le rôle supposé de facteurs environnementaux pouvant influencer le développement de la pathologie, ceci toujours du point de vue de ces mères. Parmi les questions de l’interview, certaines portaient sur le contexte familial : périnatalité, antécédents médicaux et événements marquants.

Nous l’avons vu, les analyses effectuées à la suite de l’interview de ces mères n’ont montré aucune différence significative. Les seules variantes ont été que les mères dont l’enfant avait présenté une régression exprimaient un plus grand sentiment de culpabilité et une plus grande recherche d’explications des mécanismes qui ont pu influencer ce développement de leur enfant. Pour les auteurs, la régression de cette population est un événement typique de cette forme d’autisme et n’est en aucun cas influencé par l’environnent. Cependant, les résultats des analyses médicales ne donnent pas plus d’explications puisque aucune différence significative entre les groupes n’a été également constatée.

Dans leur étude, les auteurs ont cherché à percevoir une éventuelle distinction au sein même du groupe des autistes à début tardif en fonction de l’âge d’apparition de la pathologie (avant ou après 24 mois). Leurs résultats n’ont pas permis de percevoir de différences significatives. Cependant, la pertinence de cette recherche ne doit pas être négligée, et il serait intéressant de l’approfondir afin de mieux détailler les modalités de fonctionnement du syndrome.