Hypothèses neurologiques

Si les causes environnementales restent difficiles à étudier du fait des multiples influences extérieures pouvant entrer en jeu, les hypothèses d’ordre neurologique tâtonnent également encore fortement malgré les nombreuses avancées médicales et biologiques de ces dernières années.

Afin de constater la présence ou non d’un développement neurobiologique perturbé chez ces enfants Autistes à Début Tardif, une équipe de recherche (Lewin et al, 1999) a tenté de comparer l’activité épileptique de sujets au diagnostic d’Autisme Infantile ayant présenté une régression après un développement normal avec celle des sujets atteints du syndrome de Landau-Kleffner. En effet, ces derniers présentent de nombreux symptômes proche de l’Autisme Infantile.

Le premier groupe de sujets de cette étude se composait de six enfants âgés de 5 à 11 ans chez qui un syndrome de Landau-Kleffner avait été diagnostiqué. Cela signifie qu’ils avaient présenté un développement normal jusqu’à l’âge de 2-3 ans. Après l’âge de 3 ans, ces enfants ont développé une aphasie accompagnée d’une agnosie auditive évidente et des déficits spécifiques dans les domaines du langage révélés au moyen de tests neurologiques. Aucun de ces enfants ne répondaient aux critères diagnostics de l’Autisme Infantile. Les analyses EEG (électroencéphalogramme) révélaient des pics d’activité pendant le sommeil lent.

Le second groupe se composait de seize enfants âgés de 4 à 13 ans ayant présenté un autisme de type régressif. Dans tous les cas, les parents ont rapporté un développement normal jusqu’à l’âge de 18-30 mois, suivi d’une régression du langage, des capacités cognitives et sociales, et d’un début de troubles autistiques.

Les données électromagnétiques ont été relevées durant le sommeil des enfants et cotées selon qu’elles se situaient dans les valeurs normales ou non et en fonction de leur fréquence.

Les résultats indiquaient des taux élevés d’activité épileptiforme pour le groupe des autistes régressifs (82 % des cas). Une étude préliminaire avait permis d’observer cette activité dans 70 % de cas d’autismes précoces (avant 18 mois).

Les critères de cette étude doivent cependant être reconsidérés. En 1991, dans une recherche menée sur 130 sujets, Tuchman et Rapin avaient retrouvé ces données épileptiformes dans 25 % seulement des cas d’autismes régressifs. Les auteurs reconnaissent alors, à nouveau, la possible présence de biais, en ce sens que plus de la moitié des enfants recrutés étaient soupçonnés par leur médecin d’avoir une activité épileptiforme. De plus, un autre facteur de biais doit être pris en compte : la prise de médicaments par les sujets étudiés pourrait, toujours selon les auteurs, induire des faux-positifs. La possible influence des médicaments avait également été constatée par Tuchman et Rapin.

Toutefois, les auteurs ont tenu à avancer quelques hypothèses à la suite de cette recherche. Tous les enfants possédant un syndrome de Landau-Kleffner présentaient un profil de troubles épileptiformes dans la zone périsylvienne postérieure gauche (résultats retrouvés dans d’autres études). Cette aire est connue pour son influence sur le langage. Chez les enfants diagnostiqués Autisme Infantile présentant des troubles épileptiformes et ceux atteints du syndrome de Landau-Kleffner, les troubles se situent dans les mêmes zones du cerveau. Les hypothèses des auteurs tendent alors vers un lien entre les troubles épileptiformes et les troubles du langage au sein de l’Autisme Infantile. Ces troubles épileptiformes pourraient par la suite toucher d’autres régions telles que celles impliquées dans les facultés cognitives et sociales.

La richesse mais également le manque de pertinence de l’ensemble des résultats avancés au cours de ce chapitre prouvent la nécessité d’une ouverture multidisciplinaire des recherches mais également, à nouveau, le besoin indispensable d’un travail approfondi en réseau afin qu’un maximum de biais puisse être découvert et évité grâce à ces échanges.