Les comportements d’inhibition

M. Klein (1921-1945) s’interroge sur la raison pour laquelle certaines personnes déchargeraient leurs angoisses par le biais d’inhibitions alors que d’autres développeraient une névrose. Elle propose d’expliquer ce phénomène par la mise en place de défenses à l’aide du mécanisme de sublimation. Les névrosés n’auraient pas accès à ce mécanisme et se défendraient en développant des symptômes.

‘« C’est de cette manière que l’homme primitif, dont la vie mentale ressemble à bien des égards à celle d’un névrosé (Freud, Totem et Tabou, 1947), serait arrivé au mécanisme de la névrose, car, n’ayant pas une capacité de sublimation suffisante, il était probablement dépourvu de la capacité d’un refoulement réussi.
Parvenu au niveau de culture qui résulte du refoulement, tout en étant incapable d’utiliser celui-ci autrement que par le moyen des mécanismes de la névrose, il ne peut franchir ce stade infantile de la civilisation. » (Klein, 1921- 1945)’

Ce concept est proche des théories actuelles des phénomènes de résilience où certaines personnes seraient capables de reporter leurs angoisses sur certaines aptitudes sociales (sport, dessin, écriture…) alors que d’autres non. Cette capacité de déplacement ne serait possible que grâce au développement de la fonction symbolique.

‘« …lorsque le refoulement commence à agir et que le passage de l’identification à la formation du symbole s’est produit, c’est ce dernier processus qui offre à la libido la possibilité d’être déplacée sur d’autres objets et d’autres activités relevant des instincts de conservation, et qui n’avaient pas à l’origine valeur de plaisir. Nous arrivons alors au mécanisme de la sublimation. » (Klein, 1921-1945)’

Pour illustrer ce propos, M. Klein reprend l’analyse de Freud (1910) sur Leonard de Vinci. M. Klein explique que Leonard de Vinci a su échapper à l’hystérie non par une fixation de la situation mais par un transfert de celle-ci aux tendances du moi. Il aurait eu très tôt dans son développement un intérêt et une identification aux objets qui l’entouraient, ce qui a permis au fantasme de s’épanouir et de se décharger sans entraves. Les personnalités développant des symptômes névrotiques ne posséderaient pas ces capacités.

M. Klein distingue les inhibitions levées par l’analyse des inhibitions plus profondes dans la personnalité de certains sujets. L’inhibition se développerait à la suite des mécanismes de sublimation non réussis mais éviterait la formation de symptômes, tels que ceux rencontrés dans les pathologies hystériques. Le sujet a la capacité de décharger l’angoisse sous-tendue par ce comportement d’inhibition. Cette caractéristique comportementale serait normale chez l’être humain lors d’un refoulement réussi, mais elle aurait tendance à prendre le dessus chez certaines personnalités chez qui les inhibitions investies dépasseraient la quantité de sublimation.