Le rite obsessionnel

« Pour ce qui est du jeu de l’enfant, nous croyons comprendre que si l’enfant reproduit et répète un événement même désagréable, c’est pour pouvoir, par son activité, maîtriser la forte impression qu’il en reçu, au lieu de se borner à la subir, en gardant cette attitude passive. Chaque nouvelle répétition semble affermir cette maîtrise et, même lorsqu’il s’agit d’événements agréables, l’enfant ne se lasse pas de les répéter et de les reproduire, en s’acharnant à obtenir l’identité parfaite de toutes les répétitions et reproductions d’une impression. Plus tard, ce trait de caractère est appelé à disparaître. »
Sigmund FREUD Essais de psychanalyse, 1920.

L’irruption du doute dans la pensée va entraîner des « obsessions impulsions ». Ce caractère conjuratoire est attribué à une série d’actes qui ont une valeur magique et dont la répétition constitue un véritable rite. Ces comportements vont se définir par une condensation de l’isolation, un contrôle obsédant et une toute puissance de la pensée (pensée magique) qui sera inopérante car répétée en permanence.

Voici l’exemple d’un enfant obsessionnel-compulsif :

‘« La garderie de mon petit Jeffrey m’avait convié à une soirée-papas. Jeffrey s’amusait avec un jouet Fisher-Price, mais ce qu’il faisait était étrange. Il se tenait debout devant l’école miniature, sautait sur place, et battait des bras comme si ce jouet l’excitait. Tous les muscles de son corps se contractaient et se relâchaient sans arrêt. Il grognait et grimaçait comme s’il faisait de grands efforts. Quand il cessait de sauter, il joignait les bras et tortillait les doigts juste au-dessus de sa ligne de vision. Il se stimulait tout seul par le mouvement de ses doigts tout en continuant de grogner, de tendre et de détendre ses muscles. Cela dura trente-cinq minutes, sans interruption. » (Rapoport, 1991).’

La suite de ce témoignage exprime les problèmes de résistance aux changements et les colères de ce petit garçon.

Quelle différence pouvons-nous faire entre les troubles obsessionnels-compulsifs d’un enfant névrotique et les troubles obsessionnels-compulsifs d’un enfant porteur d’un diagnostic d’Autisme Infantile ? S’agit-il du même symptôme ?

Si cela était le cas, il conviendrait de considérer ce symptôme comme secondaire à l’Autisme Infantile du fait que les enfants obsessionnels-compulsifs sont capables de communiquer, font preuve d’intelligence et expriment leurs émotions.

Par conséquent, le sameness décrit par Kanner peut-il être considéré comme le trouble essentiel ? Ne serait-il pas un trouble secondaire et accessoire mis en place pour se défendre contre la pathologie ? Nos deux groupes d’enfants diagnostiqués Autisme Infantile semblent d’ailleurs utiliser ce trouble comme tel mais de manière différente. Les Autistes Précoces auraient un mode défensif s’appuyant sur l’immuabilité de l’environnement. Les Autistes à Début Tardif, quant à eux, utiliseraient plus particulièrement les rituels et la compulsion sur un mode rigide et d’enfermement. Ces deux formes de troubles se retrouvent dans les deux groupes mais leur intensité et l’utilisation qu’en font les sujets sont différentes.