Le parti-pris du plurilinguisme

Dans Under the Volcano, le plurilinguisme représente le modus vivendi de personnages à la fois exilés et cosmopolites pour lesquels le recours à la traduction et à l'interprétation est une nécessité permanente dans un environnement linguistique qui n'est pas le leur. Etrangers au Mexique, leur compréhension des confuses paroles que produit leur terre d'accueil est donc forcément médiate, voire imparfaite, et tributaire de leurs compétences linguistiques. Or, si l'on considère, comme l'auteur nous invite à le faire, que les protagonistes du roman sont, d'une certaine manière, des avatars de l'homme universel dans un Mexique à valeur de microcosme111, on peut dès lors voir dans leur condition d'exilés, décrypteurs et interprètes d'un environnement linguistique étrange, voire instable, une métaphore de la condition humaine. Le plurilinguisme du texte devient, à son tour, la métaphore de la prolifération et/ou de la dissémination du sens, et Under the Volcano peut aussi être lu comme le récit tragique d'une quête effrénée du sens et de sa perte112.

Notes
111.

« The scene is Mexico, the meeting place, according to some, of mankind itself [...] Its geographical remote- ness from us, as well as the closeness of its problems to our own, will assist the tragedy each in its own way. We can see it as the world itself, or the Garden of Eden, or both at once. Or we can see it as a kind of timeless symbol of the world on which we can place the Garden of Eden, the Tower of Babel and indeed anything else we please. It is paradisal: it is unquestionably infernal » (SL, p. 67/ CL1, p. 508).

112.

La mort du Consul est due en grande partie, on le sait, à des malentendus, c'est-à-dire à une fâcheuse pluralité du sens débouchant sur du non-sens, celui-ci étant préfiguré, au chapitre XII, par la confusion babélique des voix que nous examinerons plus loin.