Malapropismes au pays de la Señora Gregorio et de l'entremetteur malpropre.

Si le sabir mexicano-anglais du roman contribue à carnavaliser le discours narratif en l'infiltrant, les incorrections qui essaiment le discours des personnages mexicains sont à la fois comiques et révélatrices d'une instabilité sémantique, ou d'un déplacement du sens derrière le non-sens apparent.

Le galimatias de la Señora Gregorio constitue un exemple particulièrement intéressant de la perte du sens et de sa récupération concomitante. La Señora est un personnage aussi ambigu que son discours est confus : propriétaire d'un bar au nom suggestif (le Terminal Cantina El Bosque), veuve, mais abandonnée par son mari avant qu'il ne décède, elle se tient la plupart du temps en retrait, au fond de l'antre192, et ne sort de son royaume des ombres que pour servir ceux qui, comme Geoffrey Firmin, ont choisi sa cantina pour ultime refuge. Proche du Consul dans le malheur, elle est à la fois sa Psyché193, le miroir de son âme déchue, et une Pythie qui laisse échapper de confuses paroles dans un anglais qu'elle a appris du temps de sa jeunesse, mais dont les malapropismes194 actuels sont loin d'être dépourvus de sens :

‘[…] –she handed him the tequila. “Where do you laugh now?”’ ‘“I still laugh in the Calle Nicaragua, cincuenta dos,” the Consul replied, smiling. “You mean ‘live,’ Señora Gregorio, not ‘laugh,’ con permiso.”’ ‘“Remember,” Señora Gregorio corrected him gently, slowly, “remember my English. Well, so it is,” she sighed, drawing a small glass of málaga for herself from the barrel chalked with that name. (UTV, 226-227)’ ‘“Of course I was a kernice girl from home,” she was saying. “This–” she glanced contemptuously round the dark little bar, “was never in my mind. Life changes, you know, you can never drink of it.”’ ‘“Not ‘drink of it,’ Señora Gregorio, you mean ‘think of it.’ ”’ ‘“Never drink of it. Oh, well,” she said, pouring out a litre of raw alcohol for a poor noseless peon who had entered silently and was standing in a corner, “a kernice life among kernice people and now what?” (UTV, 227-228)’

Dans ces deux extraits, le Consul rectifie ce qu'il considère comme des fautes d'anglais aberrantes : s'il accepte que, par le biais d'une fantaisie lexicale à l'allure incongrûment germanique, son interlocutrice évoque avec fierté la beauté qui, dans sa jeunesse, formait la quintessence (der Kern) de son être, il ne lui reconnaît que momentanément le droit de confondre le rire et le vivre, pour pouvoir se l'approprier sur le mode du dialogisme moqueur. En revanche, c'est avec une raideur toute monologique, et quelque peu suspecte en l'occurrence, qu'il s'oppose au très cocasse dérapage paronomastique par lequel la Señora Gregorio substitue les libations aux cogitations. Mais la Señora Gregorio (ou, à tout le moins, el Señor Lowry) a ses raisons que la lexicologie ne connaît point : ne touche-t-elle pas du doigt la vérité qui échappe au Consul ? Geoffrey Firmin n'a-t-il pas tendance à oublier que la vie, contrairement à la boisson, est «imbuvable», qu'elle est à la fois insupportable et énigmatique, impossible et incontrôlable195 ? Si concevoir la part d'imprévisible de l'existence est, par définition, impossible (« you can never [think] of it »), ne va-t-il pas de soi aussi, qu'à l'inverse d'un alcool qui repose, elle ne nous laisse pas le temps de la consommer (« you can never drink of it ») ? Tel est le message que la sphinge mexicaine adresse à son interlocuteur dans une langue qui passe outre aux considérations idiomatiques et pratique le réemploi dialogique de certains mots pour exprimer de façon justement insolite l'énigme de la vie.

Lorsque Señora Gregorio, après s'être retirée un moment, réapparaît à la demande instante du Consul, c'est plus que jamais une créature d'outre-tombe que ce dernier croit voir en face de lui, au point de la confondre, l'espace d'un instant, avec sa propre mère défunte196. A la fois consolatrice et énigmatique, la Pythonisse mexicaine va néanmoins faire une prophétie que le Consul reçoit avec effroi, car la vision de félicité conjugale qu'elle décline ne semble pas être réalisable dans ce monde :

‘Señora Gregorio took his hand and held it. “Life changes, you know,” she said, gazing at him intently. “You can never drink of it. I think I see you with your esposa again soon. I see you laughing together in some kernice place where you laugh.” She smiled. “Far away. In some kernice place where all those troubles you har now will har–” The Consul started: what was Señora Gregorio saying? “Adiós,” she added in Spanish, “I have no house, only a shadow. But whenever you are in need of a shadow, my shadow is yours.”’ ‘“Thank you.”’ ‘“Sank you.”’ ‘“Not sank you, Señora Gregorio, thank you.”’ ‘“Sank you.” (UTV, 229-230)’

Le Consul a, en effet, tout lieu de s'inquiéter, car la vision d'un ailleurs heureux où la vie se confond avec le rire (au point d'être parfaitement homonymiques dans l'anglais de la Señora Gregorio) paraît littéralement utopique, et renvoie à un «en-dehors du monde», à l'au-delà, c'est-à-dire aussi à la mort197. Telle est du moins la façon dont Geoffrey Firmin décrypte le message de son hôtesse : le bonheur, s'il existe, n'est pas de ce monde198. Tout au plus peut-il prétendre à une place dans la maison d'ombres que la Señora lui offre de bon cœur, mais n'est-ce pas là encore un lieu qui ressemble au séjour des morts, qui en est l'antichambre en quelque sorte? Le peón sans nez, mentionné précédemment, la lassitude de la Señora Gregorio, ce bar caverneux où la voix fait écho sont autant d'indices du caractère mortuaire de l'endroit. La voix oraculaire de la Señora Gregorio est aussi, à certains égards, une voix d'outre-tombe qui annonce au Consul le repos éternel ou l'y convie.

C'est peut-être ainsi qu'il faut également comprendre la dernière erreur commise par la Señora Gregorio, en l'occurrence une faute de prononciation que le Consul tente vainement de corriger. La voix mexicaine reste insensible à la censure consulaire, dialogise les mots de remerciements en y faisant entendre sa prononciation fautive, et transforme involon­tairement cette formule de politesse figée en un énoncé étrangement inquiétant dont les potentialités prophétiques n'échappent pas au lecteur rompu au décodage des jeux de mots lowryens : « Sank you » peut être lu en effet comme une allusion à la conduite auto-destructrice du Consul ou à son «plongeon» dans l'abîme au chapitre XII, la répétition de l'erreur ayant pour but d'en renforcer la lisibilité.

Si la Señora Gregorio n'a vraisemblablement pas conscience de sa fonction oraculaire, il n'en reste pas moins que ses mots, alors même qu'ils dépassent peut-être sa pensée, se mettent au service d'une vérité textuelle savamment préparée. Pour reprendre les termes d'un critique, « [l'] anglais abâtardi de la Señora Gregorio fait jouer l'écriture sur plusieurs plans qui excèdent le discours du personnage et rejoignent la logique de pulsion de mort associée à l'alcool. » (Paccaud-Huguet 91, 210) Si le Consul se contente de rectifier la prononciation de son interlocutrice sans y entendre un sens caché, c'est qu'il reste, dans ce cas précis, sur sa position monologique d'arbitre de la prononciation correcte.

En revanche, le lecteur, impliqué dans une stratégie de déchiffrage quelque peu différente, s'aperçoit que le « sank you » est « [un] signifiant affranchi [qui] acquiert une autonomie dangereuse » (Paccaud-Huguet 91, 210). Pour lui, les mots de la Señora Gregorio, débarrassés de toute contrainte logique, manifestent une expressivité débridée. Telle une machine à parler détraquée qui s'emballerait et résisterait aux assauts du réparateur, la sphinge mexicaine fait fi des velléités monologiques d'un Consul soucieux de restaurer une congruence lexicale et une correction phonétique dans son discours. Ses malapropismes ne signifient pas la perte du sens, mais son déplacement et sa restitution sous une forme étrange, voire énigmatique, et consacrent une fois de plus l'à-propos des fabrications paronomastiques de l'auteur.

La Señora Gregorio n'est, du reste, pas la seule pourvoyeuse de malapropismes dans le roman. On se souvient notamment de l'exclamation aussi comique qu'incongrue par laquelle le docteur Vigil exprime une certaine joie de vivre au chapitre I (« “Ah, but this is the hour I love, with the sun coming down, when all the man began to sing and all the dogs to shark‑” », UTV, 7), et que Laruelle accueille avec un rire, sans en comprendre les implications obscures que seuls les « archéologues » du roman ont réussi à définir199. De manière plus marquée, puisque répétitive, l'indication de l'heure donne droit, dans la bouche des personnages mexicains, à des suppléments d'information irrésistiblement comiques sur les malheurs du monde et les tentations de la chair, ainsi qu'à des allusions plus graves aux trahisons privées et publiques qui sont commises dans le roman. Ainsi, au chapitre X, le Consul, en voyant le coq de combat de Cervantes, se souvient de la façon insolite dont le patron du petit kiosque Las Novedades lui avait indiqué l'heure (UTV, 256), et donne à ce malapropisme un ancrage référentiel qui renforce la thématique de la trahison :

‘[…] But the bird appeared tame enough. Half past tree by the cock, that other fellow had said. And here was the cock. It was a fighting cock. Cervantes was training it for a fight in Tlaxcala, but the Consul couldn’t be interested. Cervantes’ cockerels always lost–he’d attended drunkenly one session in Cuautla; the vicious little man-made battles, cruel and destructive, yet somehow bedraggedly inconclusive, each brief as some hideously mismanaged act of intercourse, disgusted and bored him. Cervantes took the cock away. “Un bruto,” he added. (UTV, 287)’

Le dérapage paronomastique qui confond, non sans une certaine cohérence, le carillon de l'horloge et le chant du coq permet à Lowry, en mal de parodie biblique, de faire d'un coq deux (ou trois) coups. Le spécimen que Cervantes présente à son hôte est particulièrement bien adapté au dessein de l'auteur : représentant de l'ensemble des gallinacés mâles de basse-cour et coq de combat à Tlaxcala (ville devenue symbole de trahison pour les Mexicains et le Consul), il a non seulement vocation à se substituer à une horloge dans l'esprit du Consul, mais aussi à connoter la trahison, qu'elle soit biblique (l'allusion au reniement du Christ par l'apôtre Pierre dans la cour du Grand Prêtre (Matthieu, 26 : 69-75) est, avec la présence du coq et la mention du chiffre trois, on ne peut plus claire), historique (les Tlaxcaltécains, alliés du conquérant espagnol, sont considérés comme des traîtres) ou propre au Consul200.

Ce malaproprisme horaire, si l'on peut dire, acquiert des couches de sens supplémentaires au fur et à mesure que le Consul accumule les actes de trahison qui signifient aussi sa propre perte. C'est chose faite au chapitre XII quand, après avoir commis l'acte de chair avec la prostituée María au Farolito et ainsi trahi son amour pour Yvonne, il est accosté par l'espion des latrines, proxénète à ses heures, qui lui fournit de précieux renseignements horaires :

‘[…] He distinguished an incredibly filthy man sitting hunched in the corner on a lavatory seat, so short his trousered feet didn’t reach the littered, befouled floor. “You like María?” this man croaked again. “I send. Me amigo.” He farted. “Me fliend Englishman all tine, all tine.” “Qué hora?” asked the Consul, shivering, noticing in the runnel, a dead scorpion; a sparkle of phosphorescence and it had gone, or had never been there. “What's the time?” “Sick,” answered the man. “No, it er half past sick by the cock.” “You mean half past six by the clock.” “Sí señor. Half past sick by the cock.”’ ‘606. –The pricked peetroot, pickled beetroot; the Consul, arranging his dress, laughed grimly at the pimp's reply–or was he some sort of stool pigeon, in the strictest sense of that term? And who was it had said earlier, half past tree by the cock? (UTV, 352)’

Dans ce nouveau contexte, où l'infidélité conjugale du Consul prend aussi en écharpe le thème de son auto-destruction (la vision du scorpion mort soulignant, sur le mode symbolique, la conduite suicidaire de Geoffrey Firmin), le lecteur est invité à découvrir les métamorphoses sémantiques du coq anglais au contact d'une...«poule». L'indication horaire fournie par le présumé mouchard de la police militaire201 comporte certes la même faute de prononciation que celle du patron de Las Novedades, mais accompagné d'une autre erreur portant sur le chiffre lui-même (sick au lieu de six), le mot cock s'encanaille et, par une espèce de glissement métonymique, cesse de désigner les mâles de basse-cour pour signifier, dans une langue vulgaire, le membre viril tout court.

L'heure n'est plus au chant du coq, mais, si l'on ose dire, à la crainte du gonocoque, et des malédictions de toutes sortes. Le « marlou » crasseux ne saurait d'ailleurs mieux convenir pour suggérer les éruptions d'origine vénérienne tant redoutées par le Consul, et annoncer, en écho, l'heure sinistre d'une nouvelle apocalypse qui menace le monde malade. Le Consul, quant à lui, a beau opposer un rectificatif monologique à la prononciation erronée du souteneur, il n'en demeure pas moins qu'en décryptant correctement le message de son interlocuteur, il entre lui-même dans un rapport dialogique avec l'énoncé d'autrui. Son angoisse est telle qu'il n'a aucun mal à entendre le sens à peine caché que véhiculent ces incorrections. La preuve en est que le Consul concocte d'emblée des doublets linguistiques de l'objet du délit202. Ayant vraisemblablement à l'esprit les redoutables crêtes de coq et autres excroissances syphilitiques, le Consul, tout en arrangeant ses vêtements, mobilise en effet toutes ses compétences lexicales et fabrique (ou régurgite) des expressions phallocentriques, où le participe passé-adjectif (pricked) va, dans l'une d'entre elles, jusqu'à former une sorte de pléonasme avec le nom qu'il qualifie (peetroot). Ainsi, ses préoccupations syphiliphobiques le font entrer simultanément en contact dialogique avec les dénominations anglaises suspectes des plats du Señor Cervantes, et avec l'anglais louche du souteneur. Malédiction vénérienne et expansion dialogique vont assurément de pair dans l'esprit fécond du Consul.

Au terme de notre étude des effets microdialogiques dans le roman, il ressort clairement que les différents phénomènes de substitution examinés ci-dessus participent d'une volonté d'obliquité débouchant sur l'étoilement de la signifiance. Si les personnages sont confrontés à un univers déconcertant, voire énigmatique, dont ils ne possèdent pas toutes les clés (notamment linguistiques), le lecteur n'est pas davantage en mesure d'accéder à une compréhension immédiate et parfaite de ce monde romanesque. Il lui faut se prêter au jeu de repérage sémantique auquel le convie l'auteur, ce qui implique de sa part une lecture attentive des perpétuels effets de dérivation du sens des mots. Si ces derniers ne veulent rien dire de prime abord, c'est que leur sens n'apparaît précisément que de manière indirecte, sous une forme altérée, obtenue par rapprochement ou substitution de signifiants connexes. Mots travestis, hybrides lexicaux insolites, homonymes et paronymes translinguistiques sont autant de détours discursifs que le lecteur est obligé de débusquer et d'emprunter pour ne pas perdre pied dans la prolifération sémantique qu'il a sous les yeux. Il lui incombe de restituer un sens à ce qui paraît insensé, ou, à tout le moins, ambigu, en gardant à l'esprit que cette langue détraquée et instable, si fréquente dans le roman, traduit au plus près les tribulations d'un monde pré-apocalyptique qui a perdu ses repères, et celles tragi-comiques que connaît le Consul dans un univers que son état éthylique, sa paranoïa, mais aussi sa verve, rendent tantôt absurde, tantôt menaçant ou proliférant de signes de toutes sortes.

Notes
192.

Le bar est comparé de manière implicite à une caverne où le Consul entend l'écho de sa propre voix quand il appelle son hôtesse : «  “Señora Gregorio,” he repeated, and the echo came back: “Orio.” » (UTV, p. 226).

193.

On notera au passage que la Señora Gregorio, avatar certes défraîchi de la coupable bien-aimée d'Eros, vit dans la pénombre et porte un chignon avec une torsade à la Psyché : « Her hair that [the Consul] recalled as grey seemed to have been recently hennaed, or dyed red, and though it hung untidily in front, it was twisted up at the back into a Psyche knot. »(UTV, p. 226, italiques ajoutés).

194.

Comme Mrs Malaprop, personnage de la comédie de Sheridan, The Rivals (1775), la Señora Gregorio emploie souvent un mot à la place de celui que l'on attend logiquement, relativement proche de ce dernier sur le plan phonique. Le mot anglais malapropism, qui définit ces confusions paronymiques et consacre les aberrations langagières de Mrs Malaprop, nous paraît beaucoup plus précis que le terme de barbarisme; aussi aurons-nous recours à cet anglicisme pour analyser les bizarreries lexicales du discours de la Señora Gregorio.

195.

Si contrôler entièrement sa vie relève de l'impossible, se contrôler est affaire de volonté et devient l'objet d'un choix. C'est le sens qu'il faut donner à la scène où la Señora Gregorio tente le Consul en lui proposant du mescal :

« […]“Mescal posseebly,” she said, in a queer, chanting half-bantering tone, “Mescal imposseebly.” But she made no move to draw the Consul a drink, perhaps because of his debt, an objection he immediately disposed of by laying a tostón on the counter. She smiled almost slyly as she edged toward the mescal barrel.

“No, tequila, por favor,” he said. » (UTV, p. 226).

Le Consul, en s'acquittant de sa dette, accède au véritable choix : le mescal devient une « posseebilité » qu'il rejette, du moins pour un temps, préférant opter pour la tequila, ou le safe drinking.

196.

« For an instant he'd thought he was looking at his own mother. Now he found himself struggling with his tears, that he wanted to embrace Señora Gregorio, to cry like a child, to hide his face on her bosom. » (UTV, p. 229).

197.

Entre les deux apparitions de la Señora Gregorio, le Consul s'est adressé au chien paria (dans un passage déjà cité, UTV, p. 229) pour lui promettre des retrouvailles au Paradis. Le chien, terrifié, s'était enfui en détalant, avant que le Consul n'ait pu terminer sa phrase. A présent, c'est la phrase de la Señora Gregorio qui reste inachevée (elle n'a pas le temps de prononcer le mot « disappeared ») mais que le Consul saisit avec effroi, car elle fait écho à sa propre promesse de Paradis (et, par conséquent, de mort) au chien paria.

198.

L'Eden canadien, où Yvonne voudrait s'enfuir avec Geoffrey, et que ce dernier envisage très fugitivement comme une échappatoire à l'Enfer mexicain et à son enfer privé au chapitre IX, pendant la course de taureaux, ne lui vient pas à l'esprit ici : le lieu, l'apparence de la Señora Gregorio et son discours, contribuent tous à suggérer la mort.

199.

En fouillant le texte de fond en comble, Ackerley & Clipper en sont arrivés à l'explication suivante :

« This, the hour of Geoffrey's death, is linked to Hugh's comment [UTV, p. 304], about a Russian film he once saw in which a shark was netted with a shoal of other fish and killed. Hugh's point is that the shark, although dead, continued to swallow other living fish; the unspoken implication here is that those living are still entangled with the Consul's death » (Companion, note 12.6, pp. 13-14).

200.

Voir Ackerley & Clipper : « Half past tree by the cock, the other fellow had said. The “other fellow” is the proprietor of Las Novedades, [UTV, p. 256], who had told them the time when they had tried to get a doctor for the dying Indian. The phrase thus looks back to the Consul's past betrayal of humanity and forward to “half past sick by the cock,” when he will perform his hideously mismanaged act of intercourse with María in Ch. 12.[...] » (Companion, note 288.7, p. 349).

201.

C'est la fonction principale que lui prête, méfiant, le Consul lui-même : « —perhaps he worked for the Unión Militar, squatting at stool all day in the Seguridad jakes eavesdropping on the prisoners' conversation, while pimping was just a sideline. » (UTV, 352). Dans la lettre à James Stern que nous avons déjà citée, Lowry explique qu'il a eu affaire à un tel personnage pendant son séjour en prison à Oaxaca, ce qui lui a permis de saisir le véritable sens de l'expression stool pigeon : « A stool pigeon is one who sits at stool all day in prison and inveigles political prisoners into conversation, then conveys messages about them. If he's lucky, he gets a bit of buggery thrown in on the side » (SL, p. 29/CL1, p. 323).

202.

Ackerley & Clipper apportent d'utiles éclaircissements sur le mystérieux chiffre qui les précède : « 606 (the Penguin 666 is an error) is the number of the compound which, before the days of penicillin, proved to be the most successful in the treatment of syphillis. [...] The drug was patented under the name of Salvarsan and marketed in the United States as Arsphenamine. The Consul, terrified by thoughts of V.D., plays graphically with the phrases “half past sick by the cock” and the “pepped petroot” of [Cervantes’] menu, [UTV, p. 290] » (Companion, note 353.1, p. 430).