Temps sériel revisité

La théorie du temps sériel développée par J.W. Dunne dans An Experiment with Time251 eut une influence décisive sur l’agencement temporel du roman tel que nous le connaissons, et un impact encore plus grand sur la version intermédiaire de 1940, comme nous pourrons le vérifier. Paru en 1927, cet ouvrage connut un certain succès auprès des lecteurs anglais dans les années trente, tout en ayant fait par ailleurs l’objet de nombreuses critiques pour son manque de rigueur théorique252. Lowry, très éclectique dans ses choix de lecture et peu soucieux de l’orthodoxie philosophique, s’était arrêté sur les théories de Dunne, séduit notamment par l’idée de l’existence supposée du futur dans le passé (et de son anticipation par le rêve) et par celle d’un observateur sériel.

La première de ces idées est la conclusion à laquelle Dunne semble être parvenu après avoir examiné ses propres productions oniriques ainsi que celles émanant de connaissances ou de personnes de son entourage253. De tels rêves manifesteraient la capacité de « pré-cognition » propre à tout être humain, non pas de manière systématique mais avec une fréquence jugée suffisante par Dunne pour l’autoriser à présenter ce phénomène comme une tendance générale. En d’autres termes, nos rêves anticiperaient l’avenir qui, au moment de devenir présent, ferait l’objet d’une re-connaissance et engendrerait une sensation de déjà-vu254.

La seconde idée, jugée plus aboutie par Dunne lui-même, est celle du temps sériel débouchant sur le concept d’un « observateur sériel » explicité dans les deux extraits suivants :

‘Now we have seen that if Time passes or grows or accumulates or expends itself or does anything whatsoever except stand rigid and changeless before a Time-fixed observer , there must be another Time which times that activity of, or along, the first Time, and another Time which times that second Time, and so on in an apparent series to infinity. (Dunne, 158)’

Le temps est envisagé ici sous la forme de séries temporelles dont les emboîtements successifs définissent à chaque niveau un nouvel observateur sériel. Ce dernier est toujours rattaché à une série temporelle (on pourrait aussi dire, en termes bakhtiniens, un chronotope ou temps–espace) dépassant ou englobant la série dont il est l’observateur, et celui qui l’observe à son tour fait partie d’une série englobant la précédente. Telle est du moins la vision sérielle que Dunne exprime dans l’extrait suivant en réintroduisant la notion de passé et de futur : l’observateur du niveau supérieur est capable de les percevoir dans une vision juxtaposée que l’observateur du niveau inférieur ne peut pas avoir :

‘1. Every Time-travelling field of presentation is contained within a field one dimension larger, travelling in another dimension of Time, the larger field covering events which are ‘past’ and ‘future’, as well as ‘present’, to the smaller field. […]’ ‘2. The serialism of the fields of presentation involves the existence of a serial observer. In this respect every time-travelling field is the field apparent to a similarly travelling and similarly dimensioned observer. Observation by any such observer is observation by all the observers pertaining to the dimensionally larger fields, and is, ultimately, observation by an observer at infinity. (Dunne, 187-188, italiques dans le texte)’

Lowry reprend à son compte l’idée d’un emboîtement des séries temporelles dans une version intermédiaire de son roman qui fut rejetée par une douzaine de maisons d’édition en 1941255. L’une des raisons invoquées par Martha Foley (lectrice qui rendit compte à Story Press du contenu du manuscrit) pour s’opposer à sa publication en l’état était directement liée à l’intérêt que portait Lowry aux théories de Dunne. Harold Matson, l’agent littéraire de Lowry, retranscrivit dans une lettre adressée à ce dernier les commentaires de Martha Foley :

‘‘We have had several readings on Malcolm Lowry’s Under the Volcano. It is a very unusual book but one that we feel does not quite emerge from under the burden of the author’s preoccupation with what might be described as the Dunn [sic] theory of time. We have been so interested in what Malcolm has been trying to do that we hate to give this as our decision.’ (CL2, Appendix 2, 926)’

Bien que Lowry se défendît dans un premier temps d’une telle accusation, en affirmant avoir été inspiré davantage par les théories d’Ouspensky que par celles de Dunne256, il ne fait pas de doute que, comme le formule l’un de ses biographes, il ait été véritablement « obsédé » par la théorie sérielle de ce dernier257. Après avoir nié l’influence de Dunne sur son travail, Lowry finit par abonder dans le sens de ses critiques et jugea opportun de mettre une sourdine aux théories sérielles incriminées, sans toutefois les faire disparaître complètement de la nouvelle version de son roman258.

Avant d’évaluer l’impact des théories de Dunne sur la version finale de Under the Volcano, permettons-nous une brève intrusion dans la version intermédiaire du roman mentionnée précédemment. Au chapitre I de The 1940 Under the Volcano, Laruelle, installé au bar de la Cervecería XX, termine de lire la lettre que le Consul avait adressée à son épouse et dans laquelle ce dernier émettait le souhait de voir le futur changer le passé. Le dernier mot de la phrase reste inexprimé, mais Laruelle, porte-parole diégétique des préoccupations philosophiques de son auteur, inclut dans ses cogitations une reconnaissance de dettes quelque peu maladroite :

‘[…] Might change the what? The past ? Was that what the Consul had been going to say but couldn’t? The future would change the past. Was that what he would wish to say could he come back for an hour on the Day of the Dead? Surely the Consul would have more sense of humor than to quote, from his obscure and different dimension, Ouspensky and Dunne! The thought would have amused Laruelle at another time but now he felt unhappy. (UTV [1940], 26-27)’

Laruelle, s’adonnant lui-même à quelques cogitations méta­physiques, imagine le Consul défunt revenant parmi les vivants pour quelques heures en ce Jour des Morts, conformément à la croyance mexicaine, et faisant figure d’observateur sériel d’outre-tombe, c’est-à-dire doté d’une connaissance globale de son séjour terrestre et de celui de ses congénères encore vivants. Cette perspective ne semble guère convenir à Laruelle, sans doute parce que la pensée de son ami appartenant à une dimension temporelle plus vaste que la sienne, et a priori impénétrable, le remplit d’effroi.

Si l’évocation d’un tel scénario est maladroite dans son allusion appuyée aux deux maîtres à penser, le rêve qui va néanmoins permettre à Laruelle d’entrer dans la conscience du Consul, et de devenir le Consul tout en restant conscient par intermittences d’être Laruelle en train de rêver au lieu de suivre la projection de Las Manos de Orlac, est une singulière adaptation par Lowry du dispositif sériel proposé par Dunne :

‘Laruelle was sinking down, ever more rapidly downward until the sensation of sheer falling was paralyzing and then, when he felt that were it protracted a moment longer he must wake up and save himself, it was as if he entered, in some mysterious way, into the Consul’s consciousness. Now the sensation of falling ceased to be a physical thing, but nevertheless was not abated, continuing like a flight downward in the mind. And waking from some strange sleep within sleep, Laruelle was instantly acquainted with all the events of that day of the dead long past which led up to this conscious moment. (UTV [1940], 31)’

En rêvant, Laruelle entre dans une autre dimension qui lui permet d’embrasser l’ensemble de la vie du Consul. Dans cette logique sérielle adoptée par Lowry, Laruelle devient en effet le Consul parce qu’il entre dans sa série temporelle à la faveur de ce qui, en termes genettiens adaptés au contexte, pourrait s’appeler un effet de métalepse onirique. Le dispositif auquel Lowry a recours dans cette version du roman fut unanimement critiqué par tous les spécialistes lowryens pour sa lourdeur et son invraisemblance. Nous pourrions aussi lui reprocher son inconsistance, dans la mesure où le rêve n’englobe pas l’ensemble du roman et que Laruelle en ressort à la fin du chapitre liminaire pour céder la place au chapitre II, sans effet de transition, à Yvonne, la fille du Consul259.

Ayant enfreint les lois d’une vraisemblance somme toute accessoire pour une fiction n’affichant aucune ambition réaliste, Lowry fait de son personnage français un observateur sériel des événements concernant la vie du Consul : alors que dans la version finale Laruelle n’a qu’une connaissance partielle de la dernière journée de son ami, il est capable dans cette version antérieure de se remémorer ou de revivre les événements qui l’ont ponctuée, voire d’infléchir leur cours dans un passé momentanément réactualisé par le rêve. C’est ainsi qu’au hasard des associations oniriques, Laruelle est pris à partie par l’épouse du Consul qui, tout naturellement, le reconnaît comme son ex-époux :

‘“It’s all a mistake, I loved you, I shall always love you,” Laruelle was trying to say, as though he had been in the middle of a conversation with [Priscilla], but there was so agonizing an expression on her face he knew it was useless to say this – moreover he had the idea that this was only a simulacrum of another scene taking place a long way away or imagined. Yet her presence was so startling in its reality, confronting Laruelle as a living being who had once, but briefly and unimportantly, loved her, that when he tried to speak again, to protest that he was not indeed the Consul but Laruelle himself, he was aware that his own identity was accepted and simultaneously dismissed, and that it was to the Consul that she spoke, with tenderness and pity in her voice. “No, you loved yourself, you loved your own misery more than I. You did this deliberately to us.” (UTV [1940], 35)’

Cet échange qui, dans la version finale du roman, donne lieu dans l’esprit de Laruelle, arrêté devant le palais mexicain de l’empereur Maximilien, à une confusion par superposition vocale des deux couples tragiques que forment Maximilien et Carlotta d’une part, et le Consul et Yvonne d’autre part, illustre en revanche dans la version de 1940 le dispositif sériel de Lowry260. Celui-ci manifeste une tension entre le passé réactualisé (et devenu présent onirique) et la conscience du rêve qu’a Laruelle : ainsi Priscilla est présentée à la fois comme l’ex-maîtresse de Laruelle (dans la série temporelle extra-onirique, si l’on ose dire) et comme son ex-épouse (dans la série temporelle intra-onirique où Laruelle se confond avec le Consul). La sensation de simulacre qu’évoque Laruelle découle du va-et-vient psychique de sa conscience dédoublée, puisqu’il est momentanément devenu l’observateur sériel de la vie du Consul ainsi que son double onirique. A la lueur de cet exemple, on voit que Lowry procédait en fait à l’expérimentation d’une conception temporelle ésotérique : la résistance que le passé oppose au présent onirique dans ce passage (Laruelle n’arrivant pas à apaiser le sentiment de tristesse de Priscilla) fournit la preuve, si besoin était, que les théories de Dunne (voire celles d’Ouspensky), au-delà de leur valeur pseudo-scientifique, se prêtent assez difficilement à un traitement fictionnel de ce style, et que l’idée d’un futur (ou, plus modestement, d’un présent) transformant le passé reste, à ce stade d’expérimentation, une vue de l’esprit encore confuse et inaboutie.

Lowry, en se défaisant partiellement de ce que d’aucuns considèrent comme un fatras pseudo-philosophique encombrant, réussit toutefois à préserver ce qui, dans cette théorie discutable d’un temps et d’un observateur sériels, pouvait être mis au service de la structuration de son œuvre. Ainsi, au lieu de proposer une dramatisation excessive de cette théorie, la version finale du roman intègre certaines données sérielles sans sombrer dans la confusion ou la lourdeur. L’emboîtement sériel devient la métaphore de l’enfermement progressif du Consul dans une machine infernale et, en s’intégrant dans la circularité englobante du texte, remet en circulation l’idée d’un éternel retour de l’histoire tragique :

‘Dunne’s concept of serial containment, which underlies his serial universe as well as the serial observer, is most important for the structure of Under the Volcano. For example, in chapter 12 of the Volcano, the Consul moves from the bar “into an inner room, one of the boxes in the Chinese puzzle” [UTV, 343] of El Farolito. This principle of containment is fundamental to Lowry’s book, which is itself a kind of Chinese puzzle enclosed finally in its “trochal,” or wheel-like, form. The condition of containment, suggested by the Consul’s destructive withdrawal inside his own circumference and by the images of containment (bars, rooms, gardens, toilets, and the bus) dominating the narrative, is created by all aspects from its style to its chapter divisions. (Grace 82, 41)’

Au-delà de l’emboîtement sériel fortement marqué par la multiplication des signes de constriction et des lieux qui la symbolisent, c’est la fonction de répétition qui est mise en avant par le texte à travers cette structuration double de l’emboîtement diégétique et de l’encerclement narratif qui est lui-même sériel. L’amplitude tragique du texte est ainsi accrue par ce processus de répétition qui signale l’inexorable retour d’une déchéance individuelle et universelle. Au cœur de ce processus de répétition se trouve inscrit le rôle déterminant du lecteur qui, comme l’affirme à juste titre Sherrill Grace, devient sériel dans la dynamique textuelle mise en place par Lowry :

‘[…] More importantly, Lowry deliberately casts the reader of Under the Volcano as a Dunnian serial observer because the reader who has carefully read chapter 1 is aware of the past and the future which chapters 2 to 12 create. (Grace 82, 41)’

Dans le processus de fabrication du roman, et notamment dans la dernière étape surajoutée qu’est l’exégèse, sorte de prolongement méta­textuel, Lowry, en incitant son lecteur à découvrir à chaque relecture de nouveaux effets de sens, a effectivement encodé ce dernier dans un espace textuel élargi. Le lecteur peut, comme le souligne Sherrill Grace, percevoir le passé et le futur de tous les centres de conscience du roman, allant du premier observateur (Laruelle) aux autres observateurs tels que le Consul, Yvonne ou Hugh.

La lecture régressive programmée par Lowry est matérialisée par une demi-ligne noire à la fin du chapitre I, dont l’autre moitié apparaît en ouverture du chapitre II. A chaque relecture, le lecteur passe d’une série temporelle (le Jour des morts de 1939) à une autre (celui de 1938), et la ligne fait la jointure entre deux temps des morts. Un lecteur avisé, devenu « sériel », s’aperçoit en effet qu’il y a création d’une loi des séries et que cette ligne le mène de l’évocation implicite de deux cadavres au chapitre I (le Consul et Yvonne) à celle plus explicite d’un cadavre « générique » faite par le Consul lisant une brochure relative aux règles de transport de passagers de toutes sortes dans laquelle il inscrit sa propre pulsion de mort261 :

‘________________________________________________________________ “A corpse will be transported by express!”
(UTV, 43)’

Il nous est encore loisible d’entendre la voix « administrative » d’un responsable quelconque des chemins de fer mexicains à travers l’exclamation du Consul, mais une seule relecture suffit pour savoir que nous avons quitté l’évocation élégiaque des défunts au chapitre I pour entrer de plain-pied au chapitre II dans la réactivation d’un futur-déjà-passé. Celui-ci s’ouvre sur l’énonciation bivocale d’un désir de mort empruntant les mots d’un discours administratif sur les convois mortuaires, en d’autres termes sur l’annonce métaphorique d’un programme narratif qui va déployer les modalités d’un parcours mortifère.

Le lecteur devient alors l’ultime observateur de l’univers diégétique et de la machine narrative du roman. Cet hyper-observateur est en réalité un lecteur idéal fantasmé par Lowry, un Doppelgänger de l’auteur lui-même, auquel chaque lecteur réel ne peut ni ne veut toujours correspondre. Comme nous l’avons souligné plus haut, l’appel à la relecture n’est pas forcément entendu ou suivi. C’est dire que l’acte de lecture prend tout son sens ici, car de lui dépend la mise en œuvre complète du projet lowryen.

Ainsi, l’utilisation des théories de Bergson et de Dunne génère une structuration spécifique du texte lowryen. Le substrat bergsonien transparaît a contrario dans les stases de la conscience consulaire ainsi que dans les autres moments d’arrêt du récit : comme nous allons le voir, l’enlisement du Consul est infernal parce qu’atemporel. Le Consul, pour reprendre l’expression tirée de « Garden of Etla », a perdu le sens du temps qui s’écoule, il n’a plus cette « inhibition » qui empêche les choses de se produire simultanément, et par conséquent n’est plus dans la durée pure, ni dans le temps « spatialisé »–c’est-à-dire quantifiable et mesurable–de Bergson. Son hors-temps est vécu comme un état infernal–une stase, un arrêt. Le temps projeté dans l’espace (la deuxième durée bergsonienne communément opposée à la durée pure) est très différent du temps suspendu de la subjectivité consulaire qui efface la succession au profit exclusif de la simultanéité et produit ainsi d’autres effets de spatialisation.

Le temps sériel de Dunne joue, quant à lui, sur le temps mesurable ou « spatialisé » de Bergson : il s’intéresse à l’avant et à l’après, aux effets de répétition et de circularité, et reprend à Bergson « l’idée contradictoire de la succession dans la simultanéité » (EDIC, 172). La théorie de l’observateur sériel propre à Dunne se répercute, comme nous l’avons vu, sur la macrostructure du roman : si Laruelle est mis en position d’observateur sériel dans le chapitre liminaire, c’est en définitive le lecteur acceptant le contrat que Lowry passe avec lui dans la lettre exégétique adressée à Jonathan Cape qui devient l’observateur sériel par excellence. Pour ce lecteur sériel que Lowry appelle de ses vœux, l’équivalence du passé et du futur devient un concept opératoire : il peut juxtaposer les séries temporelles qui lui sont proposées et ainsi avoir une lecture parfaitement réflexive du roman.

Cette réflexivité est, comme nous l’avons laissé entendre, programmée par le texte de deux manières complémentaires qui feront l’objet d’étude des deux chapitres suivants : elle est notamment nourrie par un dialogisme de répétition interne que nous qualifierons d’autotextuel, ainsi que par des anachronies temporelles qui sont le lieu privilégié du texte où se déploie la conscience anamnésique des personnages.

Notes
251.

Toute référence à cet ouvrage renverra à l’édition suivante : (Londres : Faber and Faber Ltd, avril 1934), et sera accompagnée de la mention Dunne.

252.

C’est ce que nous rappelle William H. New dans son article intitulé « Lowry’s Reading » : « Though it had a strong following during the decade or so after its publication, it has also been attacked—for spatializing a non-spatial concept, for identifying the problems of time passing with those of time passed, and for interpreting time as itself a process in time—but such objections did not particularly disturb Lowry. » Malcolm Lowry : The Man and His Work, ed. George Woodcock, (Vancouver : U.B.C. Press, 1971), p. 128.

253.

Voir en particulier les pages 41 à 85 de cet ouvrage.

254.

Un exemple du questionnement de Dunne peut donner un aperçu utile de son mode de raisonnement :

« Was it possible that these phenomena were not abnormal, but normal?

[…] That the universe was, after all, really stretched out in Time, and that the lop-sided view we had of it—a view with the ‘future’ part unaccountably missing, cut off from the growing ‘past’ part by a travelling ‘present moment’—was due to a purely mentally imposed barrier which existed only when we were awake? So that, in reality, the associational network stretched, not merely this way and that way in Space, but also backwards and forwards in Time; and the dreamer’s attention, following in natural, unhindered fashion the easiest pathway among the ramifications, would be continually crossing and re-crossing that properly non-existent equator which we, waking, ruled quite arbitrarily athwart the whole » (Dunne, pp. 68-69).

255.

Cette version intermédiaire a fait l’objet d’une publication intéressant plus particulièrement les chercheurs préoccupés par l’ « évolution génétique » du roman : The 1940 Under the Volcano, éds. Paul Tiessen et Miguel Mota, assistés de Frederick Asals, (Waterloo, Ontario : MLR/Editions Canada, 1994). Toute référence à cet ouvrage sera accompagnée de la mention UTV [1940].

256.

Voir sa lettre du 12 octobre 1940 adressée à Harold Matson : «  […] As for the Dunn [sic] theory of time I just vaguely know what it is but have never read Dunn [sic] and so cannot be preoccupied with it: perhaps they meant Ouspensky: anyhow, the book has nothing to with such a thing: Martha’s remarks prove that she has seen fit to know as little about my poor book as I about Dunn [sic], that’s all; which is unfortunate, but not I hope, fatal » (CL1, p. 357).

Sherrill Grace prouve le contraire en nous renvoyant à une lettre adressée par Lowry à sa belle-mère six mois plus tôt, dans laquelle il fait part de son enthousiasme pour les ouvrages respectifs des deux auteurs. (CL1, n.2, p. 358 et pp. 314-315). L’ouvrage de P.D. Ouspensky, A New Model of the Universe (1931 ; Londres & Henley : Routledge & Kegan Paul Ltd., 1978) captiva Lowry, notamment ses chapitres consacrés à l’ésotérisme, au symbolisme du Tarot, à l’étude des rêves, et sa théorie de l’éternal retour (« Eternal recurrence ») élaborée au chapitre XI. Il est certain que certaines idées d’Ouspensky ont complété la théorisation de Dunne dans le réemploi qu’en a fait Lowry. Ainsi, le passage suivant du livre d’Ouspensky semble avoir engendré les méditations de Laruelle sur le temps dans UTV [1940] :

« Why did not people long ago come to the idea of eternal recurrence ? But they did in fact come to it a long time ago. I have pointed to the teaching of Pythagoras, to Buddhism, to theories of reincarnation and transmigration of souls, which, in their modern forms are actually only a distortion of the idea of eternal recurrence. Many other ideas of the future life, various allusions in “occult” teachings, for instance, the very strange idea of the possibility of changing the past, various popular beliefs, such as the cult of ancestors—all these are connected with the idea of recurrence » (Ouspensky, p. 479, italiques dans le texte).

257.

Voir Bowker/Furies, p. 302.

258.

L’aveu de l’influence de Dunne et la reconnaissance des maladresses qu’elle suscita dans la version 1940 de son roman apparaissent dans une lettre adressée en juillet 1941 à Whit Burnett et Martha Foley : « […] But I find now that your words about [UTV [1940] ] are quite right and just: the issue is confused by Dunne stuff, by my own situation while writing it, and it isn’t spherical and whole as a work of art should be.» (CL1, p. 376).

259.

Dans UTV [1940], Yvonne est encore la fille du Consul William Ames, et Priscilla, l’ex-épouse de ce dernier, est évoquée à travers tout le roman in absentia. Quant à Hugh Fernhead, il est l’ami de cœur d’Yvonne, et pas encore le demi-frère du Consul.

260.

Voir UTV, pp. 14-15.

261.

Geneviève Bonnefoi rend plus transparente la référence récurrente du texte au « cadavre transporté par express » : « Mais si le hasard encore, ou plutôt les laborieuses démarches qui sont le lot de tout voyageur conscient et organisé vous mettent un jour entre les mains un indicateur de la Compagnie des Ferrocarriles Nacionales de Mexico, vous verrez qu’il n’y a rien là que de très ordinaire ; car il est formellement stipulé à la page cinq de cet opuscule, à l’article Transporte de cadaveres que celui-ci doit se faire « exclusivement par express » et que « toujours doit voyager dans le même train une personne chargée de veiller sur lui et pourvue du billet respectif » (au cadavre, sans doute). » « Souvenir de Quauhnahuac » (1960), Malcolm Lowry : Etudes, (Paris : Papyrus Editions/Maurice Nadeau, 1984), p. 136.