La dramaturgie d’une psychose

La représentation du délire éthylique du Consul, ou de ce que l’on pourrait appeler ses épisodes psychotiques, relève d’une véritable dramaturgie narrative dans laquelle l’art consommé des effets ménagés par Lowry trouve sa pleine expression. Ainsi, à la fin du chapitre V, alors que le Consul vient de pratiquer sa propre reconstitution du temps écoulé immédiatement avant son passage à vide par le biais d’une remémoration verbale, l’impression de fourmillement et de grouillement verbal reprend le dessus sur ses efforts de cohérence rétrospective. Cette représentation du délire consulaire joue sur le double registre du regard et de la voix, mais Lowry procède par gradation des effets produits, et se contente momentanément, dans un souci de lisibilité, de présenter de manière dissociée le foisonnement visuel et le pullulement vocal.