Toponymie et itinéraires dantesques

L’importance des jalons onomastiques dans Under the Volcano a déjà fait l’objet de longs développements dans le chapitre précédent. Toutefois, le pan infernal de la Divine Comédie de Dante est sans conteste le pourvoyeur le plus important de toponymes du roman. Laissons-nous guider par les indications données par Lowry lui-même dans son exégèse de l’œuvre :

‘(Note: the book opens in the Casino de la Selva. Selva means wood and this strikes the opening chord of the Inferno—remember, the book was planned and still is a kind of Inferno, with Purgatorio and Paradiso to follow, the tragic protagonist in each, like Tchitchikov in Dead Souls, becoming slightly better—in the middle of our life … in a dark wood, etc., this chord being struck again in VI, the middle and heart of the book where Hugh, in the middle of his life, recalls at the beginning of that chapter Dante’s words: the chord is struck again remotely toward the end of VII where the Consul enters a gloomy cantina called El Bosque, which also means the wood (both of these places being by the way real, one here, the other in Oaxaca), while the chord is resolved in XI, in the chapter concerning Yvonne’s death, where the wood becomes real, and dark.) (SL, 67 / CL1, 507)’

Le double ancrage référentiel — dans la réalité locale et dans l’Enfer de Dante — des noms de bars mentionnés par Lowry apporte une confirmation ironique aux déclarations de ce dernier sur la nature infernale du Mexique510. D’autre part, la selva oscura de Dante est présentée comme un fil conducteur thématique permettant de baliser le parcours des trois protagonistes du roman. Carole Slade, dans son étude des rapports intertextuels entre l’Enfer de Dante et Under the Volcano511, va même jusqu’à proposer une interprétation systématique de la façon dont Lowry se serait emparé du premier tercet du Chant I de l’Enfer pour évaluer la « condition spirituelle » de chacun des trois protagonistes.512. Ainsi, selon cette lectrice du roman, Lowry aurait effectué la distribution suivante :

‘Nel mezzo del cammin di nostra vita Au milieu du chemin de notre vie (Hugh)’ ‘mi ritrovai per una selva oscura, je me retrouvai par une forêt obscure (le Consul)’ ‘ché la diritta via era smarrita. car la voie droite était perdue. (Yvonne)513

La répartition exacte (conforme à l’interprétation de Carole Slade) nécessite toutefois un examen précis du texte et quelques réajustements. Ainsi, au chapitre VI, Hugh, âgé de vingt-neuf ans, pense avoir atteint le mitan d’une existence dont la médiocrité est suggérée par l’intrusion dialogique d’un adjectif argotique anglais dans un vers de Dante :

‘--Nel mezzo del bloody cammin di nostra vita mi ritrovai in …’ ‘Hugh flung himself down on the porch daybed. (UTV, 150)’

Le recours au premier tercet de l’Enfer, (et plus précisément au premier vers et à la moitié du deuxième), pour décrire la situation psychologique de Hugh est certes remarquable en raison de l’apparition irrévérencieuse du mot anglais ; il l’est aussi parce que Hugh s’arrête net avant de mentionner la forêt obscure, ce qui, dans l’optique envisagée, le situe à la périphérie (ou en bordure) de cette forêt des errements et du péché à laquelle renvoie allégoriquement la selva dantesque514. Son idéalisme et sa volonté d’agir dénigrés par le Consul prêtent certes à sourire, mais compensent les offenses commises dans le passé, au premier rang desquelles se trouvent l’adultère et l’intolérance antisémite515.

Le Consul, en revanche, est associé au deuxième vers du tercet, ce qui signifie qu’il incarne le pécheur ou le héros tragique par excellence, celui qui est au cœur de la forêt et dont la faute semble être irrachetable, puisque la paralysie de la volonté du Consul le met dans la position du pécheur impénitent, et non dans celle du pèlerin en quête de la lumière divine, tel Dante guidé par Virgile. Geoffrey Firmin croise certes le chemin du Dr Vigil au chapitre V, mais lorsque ce dernier, buveur occasionnel au comportement auto-proclamé d’apôtre516, lui propose de servir de guide au couple jusqu’à Guanajuato, dont les noms de rues suggèrent la félicité conjugale dans un cadre bucolique, le Consul rejette ses offres de service. Il préfère opter pour Tomalín et la course de taureaux, avec pour objectif final le Farolito, dont le nom fait frémir le docteur517. La vigilance et la lucidité du docteur sur la maladie de l’âme dont souffre le Consul n’empêcheront pas ce dernier de poursuivre sa route vers le Farolito, le « paradis de son désespoir518 », et de s’engouffrer ainsi dans la voie de la jouissance impénitente et suicidaire519.

Le rattachement du Consul au deuxième vers de l’Enfer est d’ailleurs corroboré par le texte lui-même. Lorsqu’il se retrouve à la cantina El Bosque, dont le nom espagnol naturalise la thématique dantesque, les mots du poète italien font irruption dans les pensées du Consul :

‘The Terminal Cantina El Bosque, however, seemed so dark that even with his glasses off he had to stop dead … Mi ritrovai per una bosca oscura—or selva? No matter. The Cantina was well named, “The Boskage.” (UTV, 225)’

Les associations infernales sont déclinées sous la forme de trois synonymes multilingues : bosque, boskage, selva. Dans la confusion provoquée par les incertitudes linguistiques du Consul, le soulignement même de son hésitation engendre un phénomène d’amplification de la thématique dantesque. Le Consul se trouve à la cantina El Bosque dont le nom est précédé d’un mot qui désigne un terminus tout en suggérant le caractère « terminal » ou irréversible de sa déchéance morale. En termes dantesques520, ses manquements sont multiples et correspondent bien aux catégories énoncées dans le Chant XI de l’Enfer : « les trois dispositions dont le ciel ne veut pas, incontinence, malice, et la folle bestialité » (Enfer/Risset, 111). L’alcoolisme du Consul renvoie à la première disposition, celle qui offense le moins Dieu, la « malice » et la « bestialité » ou, si l’on préfère, en termes modernes, la ruse malveillante et la violence, peuvent également lui être imputées, quoique sur le mode hypothétique, étant donné que son crime commis à bord du S.S. Samaritan reste de l’ordre de l’indécidable. Toutefois, sa principale faute est son indifférence aux autres dans l’enfermement solipsiste que sa vision alcoolique du monde lui confère. Celle-ci est marquée, dans l’emprunt à Dante, par son rattachement au deuxième vers qui met en avant « le je de l’expérience individuelle » (Enfer/Risset, 13), alors que le premier suggère « un voyage […] vécu au nom de l’humanité. » (ibid.) Si la chute consulaire est emblématique de la déchéance de l’humanité tout entière, le Consul n’est pas le pèlerin dantesque en quête de rédemption ou de salut, mais le pécheur dont le parcours infernal, déjà bien avancé, va connaître son parachèvement au Farolito.

Reste la troisième protagoniste, Yvonne, qui représente l’âme égarée, à la recherche de la lumière, et se trouve donc associée au troisième vers du tercet d’ouverture de l’Enfer. Cette association se fait toutefois de manière indirecte, car Yvonne ne cite à aucun moment le premier tercet de l’Enfer. En revanche, comme le souligne Carole Slade521, dans la lettre que le Consul lit au Farolito, Yvonne se décrit comme une âme en peine, désorientée et épuisée de chagrin, qui a perdu son chemin en s’éloignant de l’être aimé522. Son retour à Quauhnahuac témoigne néanmoins d’une capacité à aimer inaltérée, et la range de ce fait du côté des âmes rachetables. Une certaine forme de lâcheté et d’indifférence manifestée au chapitre VIII, à la vue de l’Indien gisant à moitié mort au bord de la route, noircit certes le tableau. Evoqués au chapitre IX par une série d’analepses externes, son passé d’actrice hollywoodienne523, ses échecs professionnels et sentimentaux, ainsi que le lourd fardeau de tares familiales dont elle se croit légataire524, l’éloignent également de la perfection morale que représente la Béatrice de Dante. Toutefois, la vision ascensionnelle qui accompagne son agonie au chapitre XI, rappelle la Himmelfahrt de Marguerite dans Faust, et semble la situer, en bout de parcours, parmi les âmes bienheureuses du Paradis de Dante, à l’instar de Béatrice.

Cette lecture transtextuelle du premier tercet de l’Enfer nous semble autorisée par les multiples jalons dantesques dont Lowry émaille sa prose. Ainsi, l’histoire se déroule à Quauhnahuac, dont le nom en langue nahuatl signifie « près du bois » ou « près de la forêt »525. Le Casino de la Selva fait entrer le lecteur dans la forêt dantesque du roman dès les toutes premières pages ; Popocatepetl et Ixtaccihuatl, les deux volcans qui surplombent la ville, sont comparés par la critique au Mont du Purgatoire526, tandis que Lowry les avait baptisés Béatrice et Dante par l’entremise du Consul dans la version de 1940 du Volcan527. Quant à la barranca, l’énorme faille qui serpente à travers la ville528, elle est comparée par Hugh au Malebolge, ou huitième cercle de l’Enfer529, lors de sa promenade à cheval avec Yvonne au chapitre IV. L’association est d’autant plus troublante que Hugh et Yvonne évitent de justesse les cornes d’un bouc « machiavélique » qui les chargeait et qui est censé symboliser le Consul jaloux et vindicatif :

‘[…] “Goats,” he said, twisting Yvonne firmly out of his arms. “Even when there are no wars think of the damage they do,” he went on, through something nervous, mutually dependent still, about their mirth. “I mean journalists, not goats. There’s no punishment on earth fit for them. Only the Malebolge … And here is the Malebolge.”’ ‘The Malebolge was the barranca, the ravine which wound through the country, narrow here—but its momentousness successfully prescinded their minds from the goat. The little stone bridge on which they stood crossed it. Trees, their tops below them, grew down into the gulch, their foliage partly obscuring the terrific drop. From the bottom came a faint chuckling of water. (UTV, 100)’

La signification symbolique de l’attaque du bouc n’est à aucun moment donnée de manière explicite, mais le lecteur est peut-être déjà alerté par les railleries moqueuses de l’un des « familiers » du Consul qui le traite de cabrón au chapitre III (UTV, 69), alors que les cornes conjugales du Consul feront ensuite l’objet de quelques remarques biaisées de la part de l’intéressé au chapitre VII. La configuration textuelle est en tout cas intéressante, car si l’attaque manquée de l’animal sème la confusion dans l’esprit de Hugh, il est clair que les journalistes qu’il envoie facétieusement en enfer ne sont pas les seuls visés par ce châtiment, et que Lowry sous-entend que les boucs de toutes sortes (celui qui porte des cornes, mais aussi celui qui devient bouc émissaire au chapitre XII) vont terminer leur misérable existence en enfer. Les propos de Hugh sont badins ; les insinuations mises en place sotto voce par Lowry n’en sont pas moins ironiques et menaçantes.

Faille géographique, image de la cassure conjugale et des dissensions politiques, métaphore des abîmes conceptuels dans lesquels le Consul s’empêtre, la barranca concentre en elle un nombre de significations qui la désignent comme le lieu métaphorique de la division tragique530. Le solipsisme qui isole et sépare le Consul de ses semblables n’est que la version privée ou intime d’une désagrégation globale, et ce n’est pas un hasard si dans sa vision apocalyptique, avant sa mort, il croit entendre une explosion générale du monde alors que sa chute infernale se termine au fond du cloaque près du Farolito531. C’est à ce moment-là, ou quelques instants avant, lorsque le Consul prend acte de sa fin sordide, que sonne le glas de la cloche, traduit par Lowry en termes dantesques, comme pour accompagner d’un largo final l’agonie du Consul :

‘A bell spoke out :’ ‘Dolente … dolore! (UTV, 373)’

Le même son de cloche, restitué par la même petite musique des mots de Dante, clôt la méditation élégiaque de Laruelle à la fin du chapitre I (UTV, 42), alors que les ultimes traces de la voix écrite de son ami défunt disparaissent dans l’embrasement total du papier. Cette première occurrence dans Under the Volcano du « dolente … dolore » de Dante apparaît ainsi dans une atmosphère de recueillement funèbre ; elle n’est pas sans rappeler celle, peut-être plus lugubre, dans laquelle le pèlerin Dante lit le message d’avertissement au visiteur (contenant les deux mots empruntés par Lowry) au fronton de la porte de la cité dolente dans le Chant III de l’Enfer532. Au moment de franchir le seuil du roman, le lecteur prend conscience du caractère sombre et mélancolique du pèlerinage littéraire qu’il va effectuer. Il ne manque plus qu’un tour de roue pour lui faire découvrir les modalités de la chute infernale du Consul. Dante en balise l’itinéraire et en ponctue les étapes, mais l’enfer du Consul est au cœur même de son existence  et préexiste à la chute infernale dans le cloaque mexicain.

En effet, contrairement à l’Enfer de Dante, qui n’est que le pan infernal d’une Divine Comédie dont l’aboutissement est heureux533, Under the Volcano, quoique comportant des scènes indiscutablement comiques, est avant tout un roman tragique. Il ne connaît pas de suite autre que son propre renouvellement, sous la forme d’une résurgence cyclique, tributaire d’une, voire de plusieurs, relecture(s). En revanche, nul pèlerinage initiatique pour le Consul pouvant déboucher sur la béatitude : Geoffrey Firmin est déjà en enfer, et s’y retrouve à chaque nouvelle relecture. Il ne croit pas si bien dire lorsqu’au chapitre X, il annonce à Yvonne et à Hugh qu’il va rejoindre l’enfer, et qu’il s’y trouve presque déjà534 : le mot « presque » est en trop, car le Farolito n’est que le lieu ultime de son existence qui promène un enfer intérieur omniprésent.

Si l’on se souvient des âmes blasphématoires attendant d’être convoyées par Charon dans les régions infernales au Chant III, on peut en conclure qu’Under the Volcano, par le biais de son personnage consulaire, illustre l’idée de Dante selon laquelle les âmes damnées ont choisi l’enfer. Le Consul semble de surcroît s’y complaire, puisque le péché d’incontinence (en l’occurrence son ébriété) se confond dans son esprit de manière sacrilège avec la félicité de l’âme. On comprend alors l’importance de l’hypotexte faustien qui, dans sa version élisabéthaine, ajoute à la dynamique métaphorique du balisage dantesque, l’idée d’un Dasein infernal dans lequel s’englue le Consul.

Notes
510.

« The scene is Mexico, the meeting place, according to some, of mankind itself […] where a colorful native people of genius have a religion that we can roughly describe as one of death, so that it is a good place, at least as good as Lancashire or Yorkshire, to set our drama of a man’s struggle between the powers of darkness and light. Its geographical remoteness from us, as well as the closeness of its problems to our own, will assist the tragedy each in its own way. […] It is paradisal: it is unquestionably infernal » (SL, p. 67 / CL1, p. 508).

511.

« Under the Volcano and Dante’s Inferno I », Malcolm Lowry: the writer and his critics, ed. Barry Wood, (Ottawa : Tecumseh Press, 1980), pp. 143-151. (Toute référence ultérieure à cet article sera accompagnée de la mention Slade).

512.

« Through direct quotation of lines from that canto and repeated reference to its imagery, Lowry defines the spiritual condition of his major characters as well as the atmosphere of the novel » (Slade, p. 143).

513.

La Divine Comédie/ L’Enfer, traduction, introduction et notes de Jacqueline Risset, (Paris : GF Flammarion, 1985 ; réédition de 1992), p. 25. (Toute référence à l’introduction proposée par cette édition sera accompagnée de la mention Risset).

514.

« Most critics regard the “selva oscura” as a moral, allegorical landscape which represents sinfulness, worldliness, and error. One possible source of this image is St. Augustine’s description in the Confessions of his previous life of sin as “immensa silva plena insidiarum et pericularum” » (Slade, p. 144).

515.

Le chapitre VI du roman, dont Hugh est le personnage focal, contient de longues analepses externes retraçant ses erreurs de jeunesse, ses démêlés avec l’éditeur de partitions musicales Bolowski, sa liaison adultère avec la femme de ce dernier et les délires antisémites auxquels il s’abandonne lorsque Bolowski fait mine de se venger. (Voir UTV, pp. 169-173 en particulier).

516.

« “Señor Firmin, por favor, I am sorry, but I must comport myself here like,” he looked round him again, catching his breath, “like an apostle. […]” » dit le Docteur Vigil au Consul lors d’une consultation improvisée et haute en couleurs au chapitre V (UTV, p. 138).

517.

« “Guanajuato,” Dr. Vigil said, “the streets. How can you resist the names of the streets? Streets of Kisses. Streets of Singing Frogs. […]”.

“[…]Tomalín’s quite near Parián, where your pal was going,” [the Consul] said [to Hugh]. “We might even go on there.” And then to the doctor. “Perhaps you might come too … I left my favourite pipe in Parián. Which I might get back, with luck. In the Farolito.” And the doctor had said: “Whee, es un infierno,”… » (UTV, p. 147)

518.

Au chapitre XII, le Consul, arrivé dans cet endroit funeste, s’y sent étrangement en sécurité : « He was safe here ; this was the place he loved—sanctuary, the paradise of his despair » (UTV, p. 338).

519.

« In Dantean terms Geoffrey rejects Vigil’s offer of God’s love and assistance in the difficult journey to salvation, choosing instead to remain in the dark wood » (Slade, p. 147).

520.

Voir Slade, p. 146.

521.

Voir Slade, p. 149.

522.

«  “[…] My heart has the taste of ashes, and my throat is weary with weeping. What is a lost soul ? It is one that has turned from its true path and is groping in the darkness of remembered ways—” » (UTV, p. 346, italiques ajoutés).

523.

Carole Slade rappelle p. 149 que le chemin suivi par Yvonne dans la « maudite Cité des Anges », Los Angeles, emprunte Virgil Avenue, et qu’une publicité de bal (« informal dancing ») qu’elle y découvre se transforme par une curieuse erreur de lecture en « infernal dancing ». L’indexation dantesque du parcours d’Yvonne est donc clairement signifiée : une traversée infernale semble devoir précéder l’ultime salut dans la mort. (Voir UTV, p. 264).

524.

Voir les pages 261 à 268 du roman.

525.

Ackerley & Clipper fournissent une explication complète des vicissitudes sémantiques du nom dans le roman, en commençant par sa véritable étymologie : « Quauhnahuac. The Nahuatl or Tlahuican name for present-day Cuernavaca; the Indian word meaning, as Yvonne reflects, p. [44], “near the wood” (from Nah. Cuáhuitl, “a tree”). Unable to pronounce the Nahuatl name correctly, the Spaniards hispanicized it to Cuernavaca, or “Cow’s horn.” » (Companion, note 9.2, p. 3).

Yvonne hésite néanmoins sur la signification du toponyme et se demande s’il ne signifie pas « where the eagle stops » (UTV, p. 44). Ackerley & Clipper expliquent cette confusion par la proximité phonétique des mots « aigle » et « arbre » en nahuatl : « Yvonne is confusing the origin of Quauhnahuac, meaning “near the wood,” with that of Tenochtitlán, the Aztec capital and site of present day Mexico City. Her confusion […] perhaps arises because the Nahuatl quauhtli, “eagle,” is very similar to cuáhuitl, “wood,” and may have suggested to her the legend of the founding of Tenochtitlán. […] » (Companion, note 49.5, pp. 78-79).

526.

Slade, p.145.

527.

Voir The 1940 Under the Volcano, p. 72.

528.

L’allusion à la nature traître du serpent, qui est responsable de l’expulsion d’Adam et Eve du Paradis, est sans doute implicite dans la description de la barranca à la fin de la promenade de Hugh et d’Yvonne : « At a full gallop they were approaching the Malebolge once more, the serpentine barranca […] » (UTV, p. 123).

529.

Carole Slade n’a sans doute pas tort de préciser, page 145 de son article, que Lowry ne donne pas au mot Malebolge une signification aussi précise que Dante, qui y envoie les fraudeurs, les hypocrites, les voleurs, les flatteurs, les adulateurs, ainsi que les trafiquants, les simoniaques, les concussionnaires, les conseillers perfides, les fauteurs de schisme et de discorde. (La nomenclature française est empruntée à Jacqueline Risset.) Les dix « malfosses » du huitième cercle de l’Enfer intéressent indiscutablement Lowry pour leur résonance maléfique. Il n’en demeure pas moins que les journalistes condamnés par Hugh peuvent être assimilés aux « falsificateurs de paroles » du Chant XXX, et que le Consul est proche des « falsificateurs de métaux ou alchimistes » du Chant XXIX.

530.

Dans « Paradigms of Hell : Symbolic Patterning in Under the Volcano », Terence Bareham examine les multiples significations symboliques que ce mot-image concentre en lui. Voir notamment les pages 105 et 106 de son article dans Malcolm Lowry: the writer & his critics, ed. Barry Wood (Ottawa : Tecumseh Press, 1980).

531.

« […] the world itself was bursting, bursting into black spouts of villages catapulted into space, with himself falling through it all, through the inconceivable pandemonium of a million tanks, through the blazing of ten million burning bodies, falling, into a forest, falling—» (UTV, p. 375).

532.

« Per me si va ne la città dolente, « Par moi on va dans la cité dolente,

per me si va ne l’etterno dolore, par moi on va dans l’éternelle douleur,

per me si va tra la perduta gente. »par moi on va parmi la gent perdue. »

(Enfer/Risset, p. 41)

533.

« Lorsqu’il parle de son œuvre, Dante ne parle jamais d’une fiction. Il emploie le mot Comédie (ce qui veut dire qu’elle finit bien), et la qualification de « poème sacré » -- rapportant une expérience ayant valeur de vérité, et l’ayant pour tous les hommes. Elle a pour but, son auteur le précise en ces termes, de « tirer de l’état de misère les vivants dans cette vie et de les conduire à l’état de félicité » (Risset, p. 13).

534.

«  “I love hell. I can’t wait to get back there. In fact I’m running, I’m almost back there already.” » (UTV, p. 314).