II.1. Paradoxe de l’école mixte : le constat des inégalités entre les sexes

« L’école est un lieu de socialisation paradoxal : vecteur de l’égalité entre les sexes, elle participe dans le même temps à la construction des différences de sexe ». (Durand-Delvigne, 1998).

Dans le champ des recherches sur l’éducation, de nouvelles thématiques sont abordées pour faire progresser les problématiques sur les inégalités.

Depuis les années 1990, les recherches françaises sur l’école démontrent les inégalités entre les filles et les garçons, alors que les recherches anglo-saxonnes se penchent plutôt sur le pôle de la masculinité (Lesko, 2000) 46 , ouvrant de nouvelles problématiques non moins complexes. Décrire les inégalités oblige à reformuler les questions de reproduction scolaire et de rapport de domination 47 . Or, l’école participe à renforcer la place asymétrique assignée aux deux sexes par les normes sociales. Même lorsqu’ils soutiennent un projet d’égalité entre les sexes, les enseignants envisagent les filles comme un groupe indifférencié, plus anonyme que celui des garçons. Le masculin domine l’ensemble des relations scolaires : « il s’agit d’un monde du « masculin neutre », neutre, parce que la différence des sexes tend à y être déniée, mais masculin parce que le ‘‘genre masculin’’ y reste dominant » (Mosconi, 1992) 48 . Certaines chercheusesattirent l’attention sur ce problème, le dénonçant comme étant sous-estimé et affirmant toutes les conséquences néfastes qui s’ensuivent pour les élèves. Elles témoignent du principe d’asymétrie des sexes et de la position saillante des garçons.

‘« On a tendance à minimiser le rôle de l’école dans la construction sociale des identités sexuées. L’école contribue à la constitution de la personnalité psychosociale. L’identité sexuée et les habitus de genre peuvent être renforcés ou modifiés selon l’action de l’école et des enseignants ». (Mosconi et Loudet-Verdier, 1997) 49 .

Comme nous l’avons souligné auparavant, entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes, les relations se reproduisent ou se transforment selon les rapports sociaux de pouvoir entre les sexes (Mosconi, 1994) 50 .

Notes
46.

Lesko, N; (2000). Masculinities at school. Thousand Oaks, California: Sage Publications.

47.

Duru-Bellat, M. et Jarlégan, A. (2002). Garçons et filles à l’école primaire et dans le secondaire. In T. Blöss (Ed.), La dialectique des rapports hommes-femmes.(2ème éd.).(pp.73-101). Paris : PUF. Collection Sociologie d’aujourd’hui.

48.

Mosconi, N. (1992). In Baudoux C. et Zaidman C. (Eds.), Egalité des sexes. mixité et démocratie. Paris : L’Harmattan. (p.73).

49.

Mosconi, N. et Loudet-Verdier, J. (1997). Inégalités de traitement entre les filles et les garçons. In C. Blanchard-Laville (Ed.), Variations sur une leçon de mathématiques. Analyse d’une séquence : « L’écriture des grands nombres ». (pp.127-150). Paris : L’Harmattan, collection Savoir et Formation.

50.

Mosconi, N. (1994). Déjà cité. (p.17).