I.2. Conformité au sexe et adhésion aux stéréotypes

Inévitablement, l’enseignant adhère aux normes de sexe et véhicule des stéréotypes. Baudelot et Establet 84 définissent ce concept comme la contrainte pour chaque individu : « de construire son identité personnelle en prenant position par rapport à des attentes sociales traditionnellement propres à son sexe ». Cette adhésion s’effectue par le partage d’opinions générales sans réel fondement. Les caractéristiques attribuées à une catégorie se structurent et se matérialisent en images qui facilitent la capacité à former un jugement sur la personne ; ces images forment des stéréotypes (Aebischer, Oberlé, 1998) 85 . Les jugements et les comportements peuvent être stéréotypés. Plus on monte dans la hiérarchie sociale, moins les individus se caractérisent par des stéréotypes d’appartenance à un groupe mais davantage par des critères individuels. Le stéréotypage fait partie des processus psychologiques de catégorisation dont les effets accentuent les ressemblances au sein d’une même catégorie et les différences au sein de la catégorie opposée. Le sexe semble jouer un rôle prépondérant dans la signification sociale de catégorisation Femme/Homme et de leurs stéréotypes. Pour ce qui concerne les enseignants, Buswel (1981) 86 affirme que les stéréotypes de sexe et les catégorisations par sexe sont plus fréquents chez les femmes. Dans le cadre de situations inverses aux normes de sexe, les individus sont parfois amenés à construire des contre-stéréotypes en s’appuyant sur ceux du groupe opposé. C’est par exemple le cas des hommes qui enseignent aux petites filles de classe primaire. Ces hommes expriment l’idée qu’« ils construisent consciemment leur présentation d’eux-mêmes vis-à-vis des filles et que cette construction est un élément de contre-stéréotype » (Sargent, 2001) 87 . Cela génère un conflit personnel d’identité amplifié dans les classes mixtes. Comment rester un homme tout en répondant aux besoins relationnels et de maternage des filles ?

Notes
84.

Baudelot et Establet, R. (1993). Déjà cité.

85.

Aebischer V, et Oberlé, D. (1998). Le groupe en psychosociale. (2ème éd.). Paris :Dunod.

86.

Buswel, C. (1981). Sexism in School Routines and Classroom Practices. Durham and Necastle Research Review, IX, (46), 195-200.

87.

Sargent, P. (2001). Real men or real teachers? Contradictions in the lives of.Tenessee: Men’s studies press (traduction libre).