Réussir, oui, mais à quel prix ?

Les filles ont tendance à se décrire selon les stéréotypes normés de leur sexe ce qui révèle leur sentiment d’infériorité dans le contexte de la mixité. Les garçons, eux, sont valorisés pour leurs performances et surestiment souvent leur propre niveau. Malgré de bons résultats, les filles s’engagent peu dans les filières du supérieur les plus sélectives et les écarts se creusent en faveur des garçons à l’université. Certains éléments d’explication mettraient en avant la construction du rapport que filles et garçons entretiennent avec l’école et leur propre construction d’identité de sexe en s’y conformant ou s’en affranchissant (Bouchardet St-Amand, 1996) 111 .

Du point de vue de l’évaluation, certains chercheurs ont mis en évidence que l’enseignant évalue différemment le comportement suivant le sexe des élèves, ce faisant il (elle) renforce la conformité aux stéréotypes masculins et féminins, entre autres sexuels (Spender, 1982 112  ; Duru-Bellat, 1990 113 ). Par contre-coup les filles craignent de s’approprier l’espace de la classe, se placent devant pour être vues, se mettent moins en évidence dans la dynamique de classe. Elles reçoivent plus d’attention lorsqu’elles se trouvent près de l’enseignant, cela leur suggère que pour se faire entendre elles doivent être près, alors que la présence des garçons, proche ou lointaine, est reconnue et suscite une réaction (Hurtig et Pichevin, 1986).

Malgré tout, les filles manifestent leur goût pour l’apprentissage. C’est parce que les filles aiment l’école et aiment apprendre qu’elles s’investissent dans des efforts scolaires, malgré les relations défavorables qu’elles y vivent. Lorsque la relation avec l’enseignant est satisfaisante, cela les stimule autant que les performances scolaires elles-mêmes, dévoilant par là tout l’enjeu des interactions. Les filles marchent à l’affectif : lorsqu’elles perçoivent l’attention du professeur, elles se placent volontiers sous sa protection, mais également sous sa domination, ce qui bride leur autonomie et constitue à long terme une nouvelle difficulté 114 .

Notes
111.

Bouchard, P. et St-Amand, J-C. (1996). Déjà cité.(p.16).

112.

Spender, D. (1982). In A. Kelly. (Ed.), The Role of Teachers :What Choices do they have ?.

113.

Duru-Bellat, M. (1990). Déjà cité.

114.

Bouchard P. et St-Amand J-C. (1996). Idem.