III.2. Approche qualitative des interactions

Une autre approche méthodologique utilisée par les chercheurs relève les indicateurs qualitatifs pouvant être examinés au cours des interactions dans la classe.

Il apparaît que des différences dans la qualité des interactions se font jour suivant le sexe de l’élève par la différence du choix de langage employé par l’enseignant 123 . Les exemples suivants, choisis en EPS sont significatifs. Du point de vue de la qualité des interactions, l’enseignant peut apporter des nuances non négligeables dans son propos qui contribuent à créer une inégalité entre les sexes. Pour corriger deux élèves, il se contentera de préciser une position ou une consigne avec une fille alors qu’il abordera longuement des justifications théoriques appropriées aux paramètres de l’action à réaliser avec un garçon.

Avec les garçons, l’enseignant, quand il est un homme, entretient une communauté de point de vue. Le langage qu’il emploie avec eux montre une relation de solidarité, un partage des manières et des attitudes.

Avec les filles, il maintient une continuité dans le discours pour soutenir le lien social et la motivation.

D’une part, les garçons ont plus de liberté dans leurs apprentissages, d’autre part, leur conformité avec le discours et les pratiques d’éducation physique est assumée. Par contre, pour les filles, résister au discours de l’enseignant d’EPS confirme, par l’ironie, leur position de femmes dans un rapport de type patriarcal.

En prenant du recul on s’aperçoit que les stéréotypes des enseignants et des élèves en EPS ont tendance à se rapprocher quant à la description des filles et à leur estime de soi. Autant les filles se trouvent « nulles » en EPS, autant les enseignants les décrivent comme malhabiles, maladroites, moins performantes, moins engagées dans la pratique physique mais plus travailleuses, plus sérieuses et plus bavardes. Dans son ouvrage sur l’EPS, Durand consigne quelques exemples tirés de ses observations dans lesquels les enseignants décrivent les filles à grand renfort de stéréotypes : elles seraient « trouillardes », « peureuses », elles n’aimeraient pas le sport et discuteraient. Même sportives, les filles colportent un handicap majeur : elles sont « moins », moins engagées, moins explosives, moins physiques, moins fortes… . On peut alors se demander comment l’enseignante, femme, en EPS discipline masculine, peut-elle rester une femme tout en répondant aux besoins d’activité et de dépassement de soi des garçons ?

Suivant la façon dont il (elle) s’adresse aux filles et aux garçons et suivant la teneur du discours l’enseignant induit des différences. En effet l’enseignant en tant qu’être humain transmet inévitablement ses propres stéréotypes et ses propres valeurs sexuées, des éléments explicatifs seront abordés à partir de données sur le discours et la communication non verbale.

Notes
123.

Wright, J. (1997). Idem.