I.3. L’EP devient sportive et cherche à confirmer sa place éducative

Dans la continuité de la circulaire instaurant la mixité en EPS, les instructions officielles de 1967 vont faire entrer le sport dans le cadre de l’école en prétendant s’adapter à tous les élèves et en finalisant un enjeu démocratique.

A contrario, elles entérineront une programmation différenciée suivant les APS proposées, le sexe des élèves et celui des enseignants. Les élèves sont regroupés par groupes homogènes de niveau ne pratiquant ni les mêmes activités, ni le même type de pratique. Pour les groupes les plus faibles, les efforts intenses sont à proscrire or, les filles font le plus souvent partie de ces groupes.

En 1986, les IO font apparaître de nouvelles tendances dans les finalités de l’EPS : l’une d’elles réside dans la gestion par les élèves de leur vie physique jusqu’à l’âge adulte. Cette finalité a l’avantage de pouvoir être mise en œuvre avec des groupes hétérogènes sous différentes formes de pratiques qui reflètent les différentes activités physiques sociales favorisant l’accès à une culture commune. Mais la culture des filles n’est pas celle des garçons : les projets peuvent donc différencier les pratiques réelles des élèves des deux sexes.

En 1997, le texte des IO pour le cycle central au collège prend en compte la différence des sexes et ce notamment au moment important de l’adolescence.

La mixité y est reconnue comme une voie possible d’éducation des garçons et des filles et envisagée dans le but de permettre la progression de la démocratie et de l’égalité des sexes. Ainsi la mixité doit être encouragée sans être systématique « sous peine de produire l’inverse des résultats recherchés »(1997) 155 mais la non mixité paraît encore moins appropriée à l’acquisition d’une culture commune. Les deux voies ne proposent pas de point de vue tranché pour la gestion des différences des élèves comme cela pourrait être le cas par exemple avec les formes de groupement. Les enseignants restent dans le flou, toutes les solutions semblent possibles et non exclusives pourvu qu’elles aillent dans le sens d’un socle de culture commune.

Au cours du 20ème siècle, l’Education Physique est passée d’un univers exclusivement masculin où les filles étaient persona non grata, à une tolérance à leur égard, puis à des pratiques différenciées adaptées à leur faiblesse constitutionnelle. A partir des années 1950, la mise en place conjointe de la mixité et de l’inscription de l’EP dans la sphère sportive vont modifier le rapport des sexes et les contenus. Actuellement ces éléments sont pointés comme étant la source de problèmes au regard de l’appropriation d’une pratique physique différenciée selon les sexes. Et ce n’est pas chose simple surtout lorsque l’on prend conscience des jeux et des enjeux qui se cachent derrière les pratiques physiques et sportives.

Notes
155.

Programme d’EPS du cycle central. BO N°1 du 13 février 1997. (p.185).