I.4 Textes actuels à propos de la mixité en EPS

L’enjeu de la discipline d’Education Physique et Sportive transparaît à travers les finalités et les objectifs d’intégration sociale et de formation d’un individu physiquement éduqué qui prendrait soin de son potentiel physique tout au long de sa vie. Simultanément, le système éducatif assigne à l’EPS, entre autres objectifs, l’apprentissage de la citoyenneté 156 , de la responsabilité de l’individu envers lui-même et les autres et de la santé.

Parallèlement à ces finalités, le législateur rappelle « la nécessité morale et institutionnelle de s’adresser à tous les élèves » 157 , nécessité qui conduit à sélectionner parmi les pratiques sociales culturellement reconnues, ce qui relève de l’enseignement scolaire. Par exemple, à la fin du cycle collège 158 , tous les élèves doivent avoir acquis « en commun un ensemble de connaissances et de compétences qui fondent la culture physique sportive et artistique ». Cette communauté de savoirs doit permettre à chacun(e) de s’engager dans les activités de son choix, « de témoigner d’une attitude citoyenne valorisant la solidarité ».

En EPS, les finalités et les objectifs prescrits par les textes officiels sont valables pour tous les élèves, mais on peut regretter qu’ils s’arrêtent peu sur les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre. On pourrait imputer cette lacune à la difficulté dans l’aspect législatif à se séparer d’une construction historique de la discipline ancrée sur les aspects biologiques. Il s’ensuit une vision centrée sur la nature de l’individu, de l’élève. Dans le discours institutionnel, l’enfant, l’adolescent, la fille, le garçon se résument à « l’élève » vocable générique typique du monde scolaire. Les mêmes remarques peuvent être réitérées lorsque les instructions s’adressent à l’enseignant. Les précisions avancées quant à l’élève sont d’ordre biologique, fondées sur des discriminations dues à l’âge ou au sexe. Ces particularismes biologiques perdurent au fil des textes. Cependant les problématiques évoluent, en 2000 un BO hors série 159 est consacré à des propositions de mise en place de la mixité, en s’appuyant sur des exemples de scénarios et les stéréotypes rencontrés les plus fréquents pour lesquels des recommandations correspondants à des solutions possibles sont émises. En situation mixte, les contraintes dues aux différences entre les sexes sont « génératrices d’hétérogénéité et la mixité peut poser des difficultés supplémentaires par l’apparition de différenciations importantes dans les capacités, mais surtout dans les goûts et les motivations » (programmes de 1992). Le législateur rappelle que dans ces conditions, le choix des contenus d’enseignement a des conséquences importantes. En effet, selon les activités pratiquées et les apprentissages proposés, les réactions des filles et des garçons peuvent être différentes et conditionner profondément les goûts et comportements ultérieurs : classiquement on a longtemps opposé les activités danse et football. Ces recommandations dans un contexte très large sont renouvelées en 1996 160 « c’est la diversité des environnements, dans lesquels sont vécues les expériences individuelles et collectives, qui permet à l’EPS, de participer de façon spécifique à l’éducation, à la santé, à la sécurité, à la solidarité, à la responsabilité et à l’autonomie ». Certes les expériences vécues permettent aux élèves de se construire mais quid de la construction et de l’acceptation de l’autre en tant qu’individu d’un autre sexe ?

Tout récemment les textes qui seront appliqués à la rentrée 2005 161 dans les collèges font part de considérations particulières concernant la mixité. Certes, elles demeurent restreintes mais constituent une entrée indéniable de la particularité de la présence des deux sexes dans le cadre de l’EPS. Tout d’abord, le texte présente l’intérêt à travers les activités physiques de permettre la constitution d’un socle culturel partagé, ensuite la mixité est précisément désignée dans ce sens : « La mixité est encouragée dans la perspective d'une culture commune. Elle ne peut être conduite dans l'ignorance des différences, sous peine de produire l’inverse des effets recherchés. », elle est également abordée plus loin dans les recommandations sur l’évaluation : « Les enseignants veilleront à garantir une équité dans l’évaluation des filles et des garçons », puis encore sur les méthodes de travail « Accepter de travailler dans des groupes divers (niveaux, besoins, mixtes…) ». Au cours de la dernière décennie, à travers la lecture des textes prescriptifs sur les programmes de l’Education Physique et Sportive, on assiste à une prise en considération de la mixité, réelle mais encore timide. Des éléments de « solutions » sont apportés aux enseignants sous la forme de recommandations de la gestion de la mixité au quotidien de la classe.

Notes
156.

Le document du Ministère de l’Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie « Un lycée professionnel pour le XXIe siècle. L’enseignement intégré » précise que l’espace du lycée professionnel doit permettre aux élèves de faire l’apprentissage de la citoyenneté. L’éducation civique et l’éducation physique, par les enseignements artistiques et les activités physiques et culturelles, sont les deux disciplines permettant d’atteindre cet objectif.

Le texte « programmes de 3ème » (1999), assignent ce même objectif au cours d’EPS et à l’Association sportive.

157.

« Instructions et analyse de l’organisation de l’EPS et de son programme d’enseignement »

158.

Citations issues du texte « programmes de 3ème » (1999). Les textes assignent ce même objectif au cours d’EPS et à l’Association sportive.

159.

BO N°10, 2 novembre 2000. A l’école, au collège et au lycée : de la mixité à l’égalité. Numéro hors série.

160.

Arrêté du 18 Juin 1996 relatif aux programmes de la classe de sixième des collèges.

161.

Arrêté de 2004 pour les classes de 6ème des collèges.