II. Pratiques d’EPS en mixité

Les pratiques physiques sont qualifiées de féminines ou de masculines ainsi que l’énonce Labridy (1989), le rapport aux savoirs moteurs est sexué au même titre que les autres savoirs scolaires.

Même en l’absence d’un codage explicite des sports tels le basket, le volley, l’athlétisme, ceux-ci ne sont pratiqués qu’exceptionnellement en commun. Ces différenciations se justifient par des stéréotypes sexués, réducteurs : insistons encore, le sport est reconnu et médiatisé comme masculin 162 . Or l’introduction de la mixité en EPS a permis de pointer du doigt l’écart de la différence des sexes. Cet écart oblige l’enseignant à prendre en compte les significations inconscientes de l’objet de savoir : les garçons refusent les disciplines artistiques, les filles résistent aux sports collectifs. Toutes ces activités physiques mettent sous le feu des projecteurs les corps : féminins, masculins, des enseignants, des élèves, au travers de leurs attitudes, de leurs aptitudes, de leurs désirs. Ils sont vus, donnés à voir, travaillés par l’exercice individuel, collectif, d’expression, de performance, de contact.

La construction sociale des corps revêt toute son importance car : « Le corps s’envisage alors comme le lieu d’intériorisation d’une forme de rapport au monde et aux systèmes de valeurs » (Coupey, 1995). La pratique corporelle des activités physiques génère des émotions souvent non dites, ou ignorées. Les rapports sociaux hiérarchiques et asymétriques entre les sexes peuvent se lire dans le corps même et les mettre à jour avec tous les risques que cela comporte pour les uns et pour les autres. Dès lors, si la pratique physique mixte est souhaitable, il est nécessaire de ne pas feindre d’ignorer ses jeux et ses enjeux.

Notes
162.

Midol-Beauchamps, N. (1981). In E. Berhane. (Ed.). La femme d’aujourd’hui et le sport. Paris : Amphora.