L’opinion des élèves

Nous avons énoncé à différentes reprises que la mixité posait problème en EPS, si les enseignants ne le nient pas, qu’en pensent les élèves ?

Une enquête effectuée au début des années 1980 par Midol-Beauchamp 167 sur les représentations de la mixité chez les lycéens fait apparaître des résultats différenciés pour les filles et les garçons : la majorité des élèves sont favorables à la mixité. Pour les filles, les aspects positifs sont l’égalité entre filles et garçons et l’aspect ludique. Pour les garçons ce sont la meilleure ambiance, l’égalité physique et l’aspect ludique, cependant les garçons sont moins favorables à la mixité en EPS que les filles. Les arguments qu’ils développent à l’encontre de la mixité sont l’affirmation de la masculinité de certains sports, le refus d’adhérer à des pratiques féminines, le fait d’être supérieurs dans la pratique physique par rapport aux filles. Du côté des filles, les arguments développés contre la mixité sont la brutalité développée par les garçons et les moqueries subies. Filles et garçons développent donc des arguments semblables en ce qui concerne les aspects positifs de la mixité et des arguments emprunts de stéréotypes sexués pour les aspects négatifs.

Les élèves ne paraissent pas tellement réticents à la mixité en EPS, on mesure alors que les désirs des enseignants et des élèves sont parfois divergents dans l’adhésion à la mixité. Toutes ces observations ne sont pas sans conséquence sur les pratiques d’enseignement et mettent en évidence le fait que l’enseignant qui a l’ambition de transformer les rapports et les modèles de sexe se heurte aux élèves qui, par souci de conformité et d’identification, veulent les reproduire.

Cette transformation peut s’appuyer sur la programmation des activités. Le choix des contenus et le traitement des APSA se révèlent être de véritables contraintes à la pratique mixte en EPS car elles renvoient à un savoir, à une culture plus ou moins marqués sexuellement, dans lequel il est possible que s’établisse une concurrence non dite mais « déloyale » entre élèves selon leur sexe.

Comment programmer les APSA pour permettre aux filles et aux garçons d’accéder à la pratique physique et sportive dans le cadre de l’EPS ?

Notes
167.

Midol-Beauchamps, N. (1981).In E. Berhane (Ed.). Déjà cité.