Un observateur extérieur circulant dans les couloirs d’une école, entendra plus ou moins de bruit : plus le bruit est fort plus la tension à l’intérieur de la salle est élevée. Les formes bruyantes d’interruption proviennent le plus souvent des garçons. Ils occupent l’espace sonore et le temps de la classe en attirant l’attention des enseignants. La gestion temporelle du cours revient à l’enseignant : il le partage entre travail, bavardages ou jeux et tente de trouver un équilibre pour maintenir le plaisir et la sécurité dans la classe. En EPS, le temps est compté, chronométré, car les déplacements, les passages aux vestiaires, l’installation du matériel s’ajoutent à la présentation du contenu. Le temps d’activité des élèves constitue un enjeu majeur de la discipline car à cette perte de temps s’ajoute la lenteur de la transformation par les apprentissages physiques.
On en trouve un témoignage intéressant notamment au travers des travaux deVigneron (2004) 185 quiremarque que les filles utilisent des stratégies visant à faire baisser la durée de leur activité : elles rajustent leurs vêtements, lisent longtemps les fiches, questionnent l’enseignant, se mettent au bout de la file ou dans les espaces éloignés. Ces attitudes peuvent leur être défavorables dès lors qu’elles se répètent régulièrement et qu’elles s’ajoutent à un temps d’engagement moteur souvent réduit en leur défaveur par la durée plus courte attribuée par l’enseignant à leurs ateliers, à leurs matchs, à leurs groupes. Elles utilisent aussi le matériel restant, souvent en moins bon état que celui que les garçons ont prélevé les premiers. Elles se suffisent des « restes » : restes d’espace, de temps, de matériel, d’attention de l’enseignant. Habituées à cette pénurie, elles se doivent de progresser malgré tout.
Les garçons, quant à eux, font pression sur le temps du cours. Afin de réduire leurs interruptions, les enseignants proposent des contenus et des modalités pédagogiques orientés vers leurs intérêts et leur laissent davantage le contrôle de l’espace et du temps de la classe (Riddell, 1992) 186 . Dans le cadre de l’enseignement en EPS, Durand (2001) 187 signale que les enseignants changent de situation quand ils sentent de la lassitude ou de l’agitation du côté des garçons.
D’autres paramètres peuvent être aménagés afin d’aider l’enseignant à gérer tous les élèves.
Vigneron, C. (2004). La construction des inégalités de réussite en EPS au baccalauréat entre filles et garçons. Thèse en sciences de l’éducation non publiée, Université de Bourgogne. Dijon.
Riddell, S. (1992). Gender and the Politics of the Curriculum. London: Routledge. (cité par Coffey et Delamont, 2000).
Durand, M. (2001). Chronomètre et survêtement. Reflets de l’expérience quotidienne d’enseignant s d’éducation physique. Paris : EPS.