I. Identités

Chaque individu est défini par son sexe dès les premières secondes de sa vie. Cet ordre sexuel est lourd de conséquences et immuable. C’est un mélange de normes sociales, de contraintes, de constructions inconscientes qui président à la constitution de l’identité sexuée 208 . L’identification sexuelle dépend d’un réseau d’interactions sociales à des niveaux tout autant individuel qu’institutionnel. Elle s’exprime dans les manières propres à chacun selon son sexe d’apparaître, d’agir, de sentir 209 et semble généralement s’effectuer positivement, c’est-à-dire par la construction tout au long de la vie d’un rapport positif à son sexe. Pourtant il arrive que des individus se sentent en décalage avec leur sexe biologique. La psychanalyse est alors particulièrement qualifiée pour leur apporter son aide.

« Le psychanalyste est en prise directe sur cet enjeu car il traite la souffrance psychique en sa relation avec l’inconscient ; or l’inconscient […] prescrit ce que nous sommes et d’abord s’agissant de notre relation à la question de la sexuation » (Prokhoris, 2000).

Le processus d’identification constitue un véritable enjeu existentiel car les individus qui ne parviennent pas à faire correspondre leur sexe biologique et leur mode de vie sont en souffrance. D’autres choisissent délibérément de ne pas correspondre aux normes sexuées attribuées à leur propre sexe (normes de féminité ou de masculinité), ils sont montrés du doigt et il leur faut beaucoup de volonté pour maintenir leur décision. La transgression des normes de sexe est souvent mal vécue par l’individu lui-même comme par son entourage. Elle est cependant de mieux en mieux tolérée, ce qui manifeste une certaine évolution de l’égalité des sexes 210 . On remarque que les filles sont moins tolérantes par rapport aux marques déviantes des normes de sexe alors qu’elles reçoivent elles-mêmes majoritairement des conseils non transgressifs, ce qui n’est pas le cas des garçons. De manière corollaire, les femmes et les filles sont de prime abord définies par leur sexe comme appartenance catégorielle (Hurtig, 1984/1987) 211 .

De quelle « identité » parle-t-on ?

Notes
208.

Prokhoris, S. (2000). Déjà cité. (p.43).

209.

Biache M-J (1996). Qu’est-ce qu’un sport féminin ? Le cas du handball. Essai d’épistémologie appliquée. In P. Arnaud et T. Terret. (Eds.), Sport masculin sport féminin : éducation et société. Paris : L’Harmattan. (pp.227-245).

210.

Marro, C. (1999). Différences des sexes et tolérance à la transgression des rôles de sexe. In F. Vouillot. Filles et garçons à l’école : une égalité à construire. (pp.123-127). Paris : CNDP.

211.

Hurtig, M.-C. (1984/1987). L’étude de la place, du rôle et du mode de fonctionnement de la bicatégorisation par sexe dans le processus d’identisation. In J.-P. Codol (Ed.), dynamiques cognitives de l’identité personnelle. CREPCO : rapport d’activité 1984/1987, 82-84.