I.1. Définition

L’identité est un concept élaboré dans les années 1960 par le psychologue Erik K. Erikson (Lipiansky, 1992) 212 . En psychologie sociale, l’identité est ancrée dans la relation de l’individuel et du collectif ; dans la relation des personnes et de leurs groupes d’appartenance. « L’identité est un sentiment résultant d’un double processus qui opère en même temps au cœur de l’individu ainsi qu’au cœur de la culture de sa communauté » (Lipiansky, 1992). L’identité oscille entre deux significations opposées dans le champ sémantique : celle qui considère ce qui est identique, semblable mais distinct et celle de ce qui est unique, différencié de l’autre. Fondamentalement la signification reste indécidable : l’identité ne se soutient que dans cette oscillation et il importe que ce paradoxe ne soit pas résolu sous peine de perte de l’identité élaborée.

Depuis les travaux de Tajfel (1972, 1974, 1981), l’identité est surtout analysée comme la construction d’une différence, elle trouve son fondement dans les relations entre groupe d’appartenance et hors-groupe (cité par Lorenzi-Cioldi) 213 .

Pour la psychanalyse, l’identité est un sentiment qui procède dans le même temps de l’individu lui-même et de la culture sociale dont il fait partie.

« Ce processus est en majeure partie inconscient, il met en corrélation le jugement propre de l’individu ainsi que le jugement que les autres portent sur soi. Il est en interaction entre le soi psychanalytique et le moi social » (Lipianski, 1992).

L’identité occupe une place centrale pour chaque individu dans ses relations quotidiennes avec autrui. Chacun(e) est obligé(e) de se définir, de souligner ses ressemblances, d’affirmer ses différences avec ceux qui l’entourent. Si la construction de l’identité est un processus actif, dans le même temps, il n’est pas possible d’échapper aux pesanteurs sociales qui contribuent largement à sa formation 214 . L’identité se décompose en deux éléments : l’identité du moi qui « résulte de la fonction de synthèse du moi confronté aux normes sociales » et l’identité du soi qui se « rapporte à l’image du corps, à l’idéal du moi et aux images de soi liées aux différents rôles » (Lipianski, 1992). L’individu est profondément modelé par ces rôles, de ce fait l’identité est multiple et peut être conflictuelle.

Notes
212.

Lipiansky, E. M. (1992). Identité et communication, l’expérience groupale. Paris : PUF. (pp.53-112).

213.

Lorenzi-Cioldi, F. Doise, W. (1991). Identité sociale et identité personnelle. In V. Aebischer, J.-P. Deconchy & E.M. Lipiansky (Eds.), Idéologies et représentations sociales. Del Val.

214.

Lorenzi-Cioldi, F. (1988). Déjà cité.