I.2. Identité groupale

L’individu se construit grâce à des interrelations notamment au sein des groupes auxquels il adhère. Dans la modélisation des rôles, les expériences au sein d’un groupe sont déterminantes.

Un groupe, pour Landry, peut se définir comme« un système psychosocial pouvant être composé de trois à environ vingt personnes qui se réunissent et interagissent en vue d’atteindre une cible commune » (Landry, 1999) 215 .. Le groupe possède une existence réelle basée« sur la co-présence des participants et leur interdépendance » (Coat, 1998) 216 ., il est le lieu de nombreuses interactions qui le façonnent et conditionnent sa dynamique.

Désirer appartenir à un groupe, c’est répondre au besoin de reconnaître son identité personnelle à travers celle des autres. L’individu tire des bénéfices de son adhésion au groupe : à partir des interactions, son expérience au sein du groupe stimule la conscience qu’il a de lui-même par le regard que lui porte les autres. C’est un cadre propice à l’affirmation individuelle et à la reconnaissance. Chacun cherche à y trouver sa place et à s’y définir par rapport aux autres. Le groupe propose un fonctionnement « porteur de valeurs, de normes et de règles qui structurent la perception, les sentiments et les comportements de ses membres » (Lipianski, 1992) 217 . A partir de ces valeurs et normes, ses membres recherchent une unité par la valorisation d’activités communes et le rejet des normes hors-groupe.

Le groupe peut constituer aussi des limites négatives pour l’individu. Il peut représenter une menace pour l’identité personnelle car il en freine l’expression et la met sous influence. Certains individus peuvent ressentir la nécessité de mettre en place des actions défensives vis-à-vis du groupe, comme se positionner en retrait ou s’affirmer de manière excessive, rechercher un leader prenant les choses en mains et garantissant les idéaux du groupe. Le phénomène de clivage est symptomatique d’un rôle défensif, il scinde le groupe en deux sous-groupes antagonistes qui se rejettent l’un sur l’autre les responsabilités. Les processus défensifs se mettent en place lorsque l’individu ou une partie du groupe se sent menacé, répondant à un sentiment d’anxiété. L’affirmation de soi est alors vécue comme une attaque et le repli comme une fuite.

L’individu tisse des liens d’identification profonds avec le groupe. Ceci est valable tout au long de la vie mais c’est particulièrement pertinent au moment de l’adolescence où l’individu se fond dans le groupe pour ressentir une certaine sécurité à travers la ressemblance. Parmi les normes définies par le groupe se discernent les registres sexuels et sociaux. L’identité sociale est relative à l’appartenance de l’individu à des catégories bio-psychologiques (sexe, âge), à des groupes socioculturels ou de rôles, à des statuts sociaux ou idéologiques.

« Dans chaque culture, les catégories, les groupes, les rôles sociaux, les idéologies apportent avec eux des prototypes valorisés des figures de références, des exemples offerts comme modèles identificatoires à l’individu » (Lipiansky, 1992).

L’identité sexuée se définit par l’attitude et les comportements propres à chaque sexe et différents de ceux de l’autre sexe. Les liens d’identification qui se tissent entre l’individu et le groupe sont donc tributaires des normes et registres sociaux et sexués.

Notes
215.

Landry. (1999). In C. Leclerc. Comprendre les groupes. Laval : Presses Universitaires de Laval et Lyon - Chronique Sociale. (p.12).

216.

Coat, F. (1998). Le travail en groupe à l’âge des réseaux.Paris : Economica. (p.25).

217.

Lipiansky, E. M. (1992). Déjà cité. (p.90).