II. Différences identitaires

Filles ou garçons, femmes ou hommes, chacun(e) construit son identité selon les caractéristiques de son sexe, les rejetant ou les acceptant. La construction de l’identité sociale du sexe semble être passée d’un modèle linéaire à un modèle complexe offrant une variété de contextes. C’est ainsi que les recherches récentes notamment sur la construction de l’identité masculine transitent du singulier au pluriel.

La catégorisation des sexes et la hiérarchisation qui en découle font du masculin l’attribut dominant et du féminin l’attribut dominé. Ces considérations sont à l’origine des théories sur les différences entre les sexes et introduisent la notion de genre que nous ne ferons que nommer.

Catégoriser, hiérarchiser, nommer les différences entre les sexes conduit à questionner l’origine de cet état de supériorité masculine qui lui donne le pouvoir. Pourquoi et comment les hommes accèdent-ils au pouvoir et les femmes en sont-elles éloignées ? L’idéal ne serait-il pas de reconnaître les atouts mutuels des deux sexes afin de promouvoir l’harmonie sociale ? Serait-ce une utopie ?

Les filles et les garçons expriment différemment leur identité sexuelle que ce soit individuellement ou collectivement. Enfant puis adolescent, ils se construisent au sein de groupes différents, recherchent l’adhésion au groupe de même sexe et sedistinguent des individus appartenant à l’autre groupe de sexe (Lipiansky, 1992) 225 .

Pour les femmes et les hommes, l’identité sociale ne revêt ni la même importance, ni la même intensité, ni la même fréquence. Les études en psychologie sociale sur les phénomènes de groupe démontrent une asymétrie entre les sexes dont la conséquence s’exprime dans le rapport que les deux groupes de sexe entretiennent. Les hommes occupent un statut de groupe dominant, les femmes celui de groupe dominé (Lorenzi-Cioldi, 1988) 226 . De ce fait, les femmes en tant que groupe dominé ont tendance à mettre en avant leur appartenance au groupe par les jugements qu’il exprime et la relation qui les lie aux autres groupes. Elles sont souvent définies par leur appartenance de sexe et ce, aussi bien par les autres femmes que par les hommes. Elles se définissent, elles-mêmes, comme appartenant au groupe « Femme » mentionnant explicitement une adhésion collective à ce groupe (Lorenzi-Cioldi, 1988) 227 . Contraintes de se définir comme groupe « à part », les femmes seraient plus conscientes de leur appartenance sexuelle que les hommes (Morin, 1992) 228 , qui quant à eux se définiraient en tant que catégorie propre. Il faut noter qu’un contexte présentant simultanément des individus des deux sexes favorise comme premier élément de description des individus, la mention du sexe. Lors d’une expérience, quand les sujets décrivent des femmes, ils parlent en premier lieu de cette appartenance sexuée, alors que lorsqu’ils décrivent des hommes, ceux-ci sont individualisés (Hurtig et Pichevin, 2002) 229 .

Notes
225.

Lipiansky, E. M. (1992). Déjà cité.

226.

Lorenzi-Cioldi, F. (1988). Déjà cité. (p.67).

227.

Lorenzi-Cioldi, F. (1988). Déjà cité. (p.57).

228.

Morin, C. (1992). Bi-catégorisation asymétrique de sexe, normes sociales et stratégies évaluatives entre groupes. Etude quasi expérimentale au sein du système scolaire. Thèse en psychologie sociale non publiée, Université de Clermont-Ferrand.

229.

Hurtig, M.-C. et Pichevin, M.-F. (2002). Catégorisation de sexe et perception d’autrui. In Hurtig, M.-C., Kail, M. et Rouch, H. (Eds.), Sexe et genre. De la hiérarchie entre les sexes. (pp.169-180). Paris : CNRS.