III.1. Approches féministes et genre

‘« L’approche féministe a jugé nécessaire et prioritaire pour lutter contre les marquages différenciateurs et discriminatoires de séparation des sexes, (…) de travailler au niveau d’une autre dichotomie, plus sociale, plus fragile si l’arbitraire en est démontré, les genres. » (Hurtig et Pichevin, 2002) 302 .

Dans nos relations aux autres, le sexe sert de premier organisateur de notre perception. Or dès ce niveau, des inégalités et des asymétries se font jour dans le traitement différencié des femmes et des hommes, allant dans le sens d’une dévalorisation des femmes.

C’est une opération de catégorisation, souvent inconsciente, qui active les stéréotypes autour des mots « femme » et « homme ». Les effets produits accentuent les ressemblances au sein d’une même catégorie et les différences au sein de la catégorie opposée.

L’approche féministe se caractérise par les postulats sociologiques suivants :

  • L’expérience des femmes est marquée par la domination masculine.
  • La subjectivité provenant des différences d’expérience des deux sexes fonde les connaissances.
  • La production intellectuelle doit éliminer l’oppression des femmes 303 .

Ces enjeux soulèvent la question de la place des femmes dans la société. Ce qui est sous-tendu et que nous défendons dans cette thèse c’est :

  • D’une part que le masculin domine socialement
  • D’autre part que pour accéder au haut de la hiérarchie sociale les femmes mettent en œuvre de plus en plus de stratégies de « masculinisation » en intégrant les valeurs masculines.

Aujourd’hui, aux Etats-Unis, les féministes s’interrogent sur l’évolution du concept, les contraintes ou limites dues à son institutionnalisation. A l’opposé, une voie française du féminisme propose un devenir axé sur les valeurs féminines. Cette voie qualifiée de ‘‘french feminism’’par les anglo-saxons: « prône un devenir féminin de la pensée et des pratiques. Le ‘‘féminin’’ devient alors une catégorie qui peut être assumée indifféremment par les hommes ou les femmes et transcende la logique binaire d’opposition (…) pérennisée par la notion de genre. » 304 .

En psychologie, la catégorisation des individus selon leur sexe amène Delphy à penser l’utopie d’une société non « genrée »en affirmant que « Le genre précède le sexe », ce que les anglo-saxons annonçaient dans les années 1980.

Notes
302.

Hurtig M.-C., Pichevin M.-F. (2002). déjà cité. (p.169).

303.

Laberge, S. (1994). Pour une convergence de l’approche féministe et du modèle conceptuel de Bourdieu. Revue STAPS, 35.

304.

Dossier sciences humaines. (2004). Déjà cité.