III.2. Des hommes dans des rôles féminins

D’autres études exposent le choix inverse concernant les hommes qui acceptent d’investir des rôles sociaux traditionnellement féminins.

Des études anglo-saxonnes apportent des éclairages sur les hommes dans l’enseignement scolaire primaire des jeunes enfants (King, 2000 ; Sargent, 2001). Les hommes qui acceptent de remplir des rôles de femme se considèrent comme des « hommes réalisant quelque chose de féminin » ou des « hommes choisissant de faire quelque chose de féminin » 326 . Cette expression est confirmée par Sargent (2001) 327 dans les discours qu’il a recueillis auprès des hommes qui enseignent en classe primaire. Les stéréotypes masculins s’estompent et laissent une voie d’accès à des valeurs de l’autre sexe ou aux représentations qu’ils en ont. Ces hommes affichent leur relation intime avec les enfants dont il est difficile de parler en termes masculins. En choisissant cette voie, ils peuvent envisager de se construire dans la compétition en voulant faire mieux que leurs collègues femmes. Ce faisant, ils développent tout de même des valeurs masculines alors qu’ils s’en défendent ouvertement, souhaitant faire aussi bien que les femmes et même mieux car ce sont des hommes qui font comme des femmes, ce qui sous-entend qu’ils peuvent apporter de la masculinité en plus.

Ils évaluent leur capacité à effectuer des soins comme étant moins évidente que celle de leurs collègues femmes, or, dans les petites classes les soins corporels revêtent une importance non négligeable. Ces soins sont associés à l’idée de maternage et au contact physique que les hommes évitent. Ils doivent donc trouver d’autres moyens d’engager les jeunes enfants dans l’apprentissage en dehors des aspects de maternage qu’utilisent les femmes, il s’ensuit une impression différente de la gestion de la classe et des moyens pédagogiques.

Certains enseignants se trouvent malmenés dans l’obligation de « faire du masculin », c’est-à-dire d’agir malgré tout comme un homme dans certaines actions comme la discipline, la représentation aux yeux des collègues et des parents.

Ces recherches démontrent que pour les femmes et les hommes, l’identité sexuée est confrontée aux comportements et aux valeurs féminines et masculines. Ils se trouvent face à des contradictions de rôles entre celui assumé et celui souhaité.

Suivant la construction sexuée de l’individu femme ou homme, il est possible de présenter des attitudes non strictement conformes à son sexe et de choisir, moyennant un passage par un conflit identitaire, d’agir ou de s’exprimer comme un individu de l’autre sexe, sans oublier pour autant qu’il est une femme ou un homme.

Notes
326.

King, J. R. (2000). Déjà cité. (pp.3-26).

327.

Sargent, P. (2001). Déjà cité. (p.50).