B. Modélisation du rapport de l’enseignant à la communication

"Serge" s’exprime généralement d’une voix forte même lorsqu’il se trouve à proximité de l’élève qui reçoit une interaction. Il module sa voix et ses intonations en fonction du contenu de la phrase, par exemple il utilise plusieurs fois des différences de tempo afin d’amplifier l’idée transmise par la verbalisation : « Ça va t’obliger à t’allonger tout seul, naturellement(insiste) » et « tu vas être obligée det’allonger(allonge le mot) ». Les mouvements cinétiques rapides de type gestes sont nombreux, ces gestes d’accompagnement sont fréquents pendant toute la durée de la leçon. Ils illustrent par le corps, les actions expliquées verbalement, marquant ainsi visuellement l’interaction, attirant l’attention des élèves. Ces deux formes auditives et visuelles jouent un rôle non négligeable pour capter l’attention des élèves et faire passer un message particulier.

D’une manière générale "Serge" apporte des interactions de climat négatif et positif réparties entre les élèves des deux sexes. Elles vont de l’intérêt pour l’action ou la prestation de l’élève  ou des encouragements à la prise en compte de la sécurité physique ou de l’intégrité physique après une chute à une remarque purement affective, le (la) même élève pouvant recevoir consécutivement deux interactions l’une négative et l’autre positive. "Serge" est conscient de ces « douches écossaises » et en use comme d’un outil de contrôle, affirmé au cours de l’entretien, de manière à conserver une forte autorité sur le groupe. Lors des interventions générales de l’enseignant face au groupe classe, les élèves sont assis et calmes, l’enseignant se tient debout en face d’eux, le silence s’établit.

Les informations générales sur les attendus de la production des élèves en gymnastique sont données par affiches placardées au mur.

La plupart des informations sont transmises verbalement en gymnastique et dans les deux autres activités. En badminton comme en gymnastique les élèves utilisent des fiches d’observation ou pour noter leur enchaînement. "Serge" s’adresse essentiellement aux filles pour le remplissage de ces fiches, leur reprochant parfois de ne pas les remplir correctement. "Serge" utilise la démonstration dont il fait usage avec les garçons. Au saut de cheval, agrès auquel il consacre un assez long moment, il utilise la forme visuelle dans les interactions en mimant ou en produisant des gestes qui aident les élèves à comprendre. C’est encore avec les garçons qu’il utilise la forme kinesthésique par des manipulations segmentaires. Au sol, c’est avec une fille qu’il utilise la forme auditive par des frappes rythmées.

"Serge" souhaite rendre les élèves autonomes, pour cela il se positionne en personne ressource que les élèves sollicite si nécessaire. Ainsi un garçon le questionne pour la roue au sol et l’enseignant met en place pour ce garçon une situation d’apprentissage pour laquelle il consacre vingt minutes. D’autres élèves viendront utiliser momentanément cette situation puis s’en écarteront d’eux-mêmes. A la fin de la leçon le même garçon sollicitera à nouveau l’enseignant pour un autre élément au sol, cette fois-ci l’enseignant lui consacre une dizaine de minutes. Au total c’est donc une trentaine de minutes qui seront consacrées à un seul élève : un garçon.

Le décompte des interactions fait valoir que "Serge" interagit deux fois plus avec les garçons qu’avec les filles en gymnastique et pour une durée trois fois plus longue.

Pour le type d’interaction "Serge" utilise essentiellement des directives et des explications, cependant avec les garçons il utilise aussi l’ensemble des feed-back (approbateurs, désapprobateur, simple et spécifique) et les justifications théoriques et les descriptions de l’erreur.

L’enseignant accorde une place importante aux garçons, par son attitude il renforce leur autonomie, répond à leurs sollicitations, conforte leur réflexion par les justifications théoriques qu’il leur adresse.

Les registres sur lesquels il interpelle les élèves sont de deux ordres : pour les registres de la motricité et de la sensibilité il s’adresse surtout aux garçons en gymnastique et en handball, alors qu’il s’adresse aux élèves des deux sexes pour le registre de la sociabilité dans les trois APSA. Par contre en badminton, ce sont les filles qui reçoivent le plus d’interactions sur les registres de la motricité et de la sensibilité.