B. Modélisation du rapport de l’enseignant à la communication

"Martine" utilise peu les médias de nature visuelle (schéma, fiche, tableau, affiche), une seule occasion a été notée en handball dans une situation ludique où un tableau récapitulatif des résultats des équipes a été mis en place. En gymnastique, "Martine" transmet des informations à l’ensemble de la classe en démontrant elle-même l’exercice à réaliser notamment pendant l’échauffement au sol, ou en sollicitant un élève (garçon en réussite) pour démontrer. Le nombre d’informations verbales est très élevé. Au cours de la séance d’apprentissage en gymnastique au sol, "Martine" a un contact tactile avec tous les élèves qu’elle pare successivement pour un A.T.R.. Elle transmet aux filles des interactions d’ordre kinesthésique davantage qu’aux garçons qui n’en reçoivent que la moitié. Les mimes ou les gestes accompagnant les informations verbales, sont plus nombreux quand "Martine" s’adresse à la classe entière lors des regroupements. Mais les filles et les garçons reçoivent le même nombre d’interactions de ce type. La forme auditive est utilisée deux fois au cours de deux séquences, avec une fille. "Martine" distribue davantage d’interactions verbales aux filles qu’aux garçons. Elle utilise essentiellement les types feed-back approbateurs simples, feed-back désapprobateurs spécifiques, directives simples, descriptions de l’erreur, tant pour les filles que pour les garçons. Les filles sont les seules à recevoir des interactions de type définition et justification théorique. Elles reçoivent plus de séquences de type jugement de valeur et explication que les garçons. Concernant les trois registres sur lesquels s’appuient les types d’interaction, le registre de la motricité est utilisé de manière prépondérante, celui de la sensibilité est utilisé également de manière importante, celui de la sociabilité est bien moindre. Pour les trois registres, les filles reçoivent plus d’interactions que les garçons.

D’une manière générale "Martine" crée un climat affectif équilibré entre le nombre d’interactions d’affectivités négatives et positives. Les interactions d’affectivité négative sont adressées davantage à la classe entière, puis aux garçons individuellement ou en groupe, et aux filles dans une moindre mesure. Pour la classe, ce sont des remarques sur la mauvaise organisation, sur le manque de sérieux dans le travail, sur le non respect des consignes. Pour les garçons, les interactions sont des critiques, des marques d’impatience, de l’ironie, des menaces. Pour les filles, elles montrent des critiques, la volonté de surprendre, l’indifférence. Les interactions d’affectivité positive sont adressées aux filles en plus grand nombre. Les interactions adressées aux filles montrent davantage de sollicitude, d’affection, d’encouragement, d’humour de la part de l’enseignante. Les interactions adressées aux garçons montrent la sollicitude, la louange, l’encouragement, l’intérêt pour la prestation de l’élève, l’humour.

Lors des rassemblements en temps collectif, les élèves sont immobiles et silencieux. "Martine" utilise parfois le sifflet pour interrompre l’activité des élèves, mais plus souvent elle utilise la voix. Les interactions qui visent à contrôler les actions des élèves s’adressent surtout aux garçons et beaucoup moins aux filles. A travers ces interactions l’enseignante vise à maintenir le « cap » des objectifs de la leçon à son idée, à contrôler l’attention de tous les élèves. Pour les garçons, les interactions marquent la volonté de contrôler les possibilités de déviance, la sanction lors d’un conflit direct. Pour les filles, l’interaction concerne l’apparence envisagée sous un côté pratique « En gymnastique il vaudrait mieux avoir les cheveux attachés, partout d’ailleurs mais en gymnastique, surtout. Tu as un chouchou, j’en ai un je te le donnerai ». L’enseignante émet deux interactions concernant l’inaction pour des garçons.

"Martine" parle d’une voix forte, elle s’adresse parfois de loin aux élèves pour corriger leur prestation, sa voix peut devenir aiguë en corrélation avec des interactions où l’impatience est palpable. L’intonation de la voix amplifie la parole et la mimique, elle est particulièrement utilisée dans certains contextes pour renforcer l’information transmise verbalement, en gymnastique par exemple « je m’envole ». Outre la forme gestuelle illustrant les interactions lors des séquences d’apprentissage, elle utilise des gestes et mimiques caricaturaux avec un humour qui provoque le rire des élèves en plusieurs occasions. D’autres séquences de même teneur sont adressées individuellement par exemple à un garçon ou à une fille. Sur l’ensemble de la leçon, "Martine" « met en scène » ses propos par une communication non verbale variée.