B. Modélisation du rapport de l’enseignant à la communication

"Axel" donne des informations de nature affichée tout au long de la séance, pour l’installation du matériel il utilise le tableau, de même pour les exercices d’échauffement les élèves disposent d’une fiche par groupe ainsi que pour les exercices d’apprentissage. Il fait référence à la fiche avec les garçons et avec les filles. Il réalise des démonstrations avec un garçon mais pas avec une fille. Il fait démontrer certains exercices par un garçon et une fille. Les informations distribuées restent très largement de nature verbale.

La forme verbale est donc la plus importante et légèrement en faveur des garçons. La forme visuelle est présente sous ses diverses formes (affiche ou fiche, démonstrations de l’enseignant et de l’élève et mimes gestuels) mais de manière peu fréquente. Elle est équivalente pour les filles et les garçons. La forme kinesthésique est peu utilisée mais de manière identique pour les filles et les garçons. La forme auditive n’est pas employée au cours des séances observées.

Toute la palette des types d’interactions est utilisée pour les garçons. Pour les filles, "Axel" n’utilise pas les feed-back spécifiques, les jugements de valeur et les justifications théoriques. Le type le plus utilisé est le type directive conditionnelle avec des valeurs quasi identiques pour les filles et les garçons. Puis pour les garçons le type explication, feed-back simple et spécifique approbateur, question et description de l’erreur. Après les directives simples, les filles reçoivent plus de feed-back approbateur simple, de description de l’erreur, de questions, de définition. Les filles reçoivent plus que les garçons de feed-back approbateurs simples, de questions, de descriptions de l’erreur et de définitions.

Les interactions portent essentiellement sur le registre de la motricité puis celui de la sensibilité enfin de la sociabilité. Pour les registres de la motricité et de la sociabilité, les garçons reçoivent davantage d’interactions que les filles. Pour le registre de la sensibilité, les filles reçoivent davantage d’interactions que les garçons. Le type d’interaction le plus représenté est celui des directives simples pour les trois registres. Les filles reçoivent plus d’interactions de type feed-back spécifique désapprobateur que les garçons pour les registres de la motricité et de la sensibilité.

Pour le climat affectif, "Axel" distribue davantage d’interactions d’affectivité négative que d’interactions d’affectivité positive. Les garçons reçoivent trois fois plus d’interactions d’affectivité négative de ce type que les filles. Pour la classe, c’est surtout lors du bilan final en gymnastique que l’enseignant s’impatiente devant l’agitation des élèves. Le bilan vis-à-vis du travail en groupe est négatif à plusieurs reprises à propos du manque de travail, de la mauvaise organisation. Vis-à-vis des garçons, les interactions montrent surtout de l’impatience, voire des sanctions, des remarques sur le travail mal fait, un comportement déviant. Vis-à-vis des filles, les remarques montrent de l’impatience, de l’ironie, de l’impuissance. Les interactions d’affectivité positives se distribuent pour la classe et pour les garçons en plus grand nombre et beaucoup moins pour les filles. Elles montrent la reconnaissance du travail correctement effectué, de la sollicitude et de l’intérêt. "Axel" hésite à distribuer des interactions d’affectivité positive car il trouve que les filles sont « collantes » et ne souhaite pas encourager ce comportement, ainsi qu’il nous le confiera au cours de l’entretien. Ainsi que nous avons pu le considérer, les filles de la classe observée en gymnastique tentent souvent de discuter avec l’enseignant et essaient leur séduction sur leur professeur.

"Axel" développe un mode de contrôle élaboré sur des comportements des élèves : dès le début de la leçon il distribue les « plus », les « règles », les punitions en nommant les élèves par leur prénom devant la classe assemblée. Pendant toute la leçon, il prend des notes à ce sujet. A plusieurs reprises, il marche en reculant ce qui lui permet de conserver tous les ateliers dans son champ de vision. Il contrôle les positions des élèves « Mettez-vous là, le groupe », « Venez vous asseoir ici » encore « Je vous dirai quand vous irez ». La durée des exercices fait l’objet d’un contrôle (décompte, chronométrage) ou de remarque. Une seule interaction concerne l’inaction des élèves.

En observant "Axel", on peut remarquer différentes intonations de la voix, soit enthousiaste lorsqu’il reconnaît les mérites d’une fille, soit calme en réponse à une provocation de quelques filles, soit en insistant dans un but de mettre en évidence des mots clés de la réalisation. Tout au long de la leçon "Axel" s’exprime d’une voix calme et constante le plus fréquemment même lorsqu’il s’adresse à un élève éloigné. Il se place souvent dans une posture détachée des différents groupes, à l’écart, muni d’une plaquette et d’un crayon dans une attitude d’observation et d’évaluation.