IV.1. Ressemblance/ dissemblance selon le genre

Pour les 3 APSA, les contenus sont plutôt hétérogènes et variables entre les enseignants.

Pourtant il est possible au-delà de ce premier regard d’émettre des tendances dont les limites se heurtent à la faiblesse de l’échantillon et à la perte de données fines provenant de la volonté de synthèse.

Le groupe masculin sélectionne davantage de contenus valorisant la performance et axés sur la référence au sport fédéral (application des règles, enchaînement en gymnastique, matchs en badminton et handball). Les enseignants de ce groupe proposent davantage de contenus orientés sur la performance par le gain du match, la développement de stratégie, l’attaque, le tir au but, la sélection d’agrès à risque. Il convient de modérer cette tendance pour les femmes qui mettent en avant des modalités d’apprentissage développant le partenariat et la coopération.

Les trois autres groupes proposent des contenus axés sur les apprentissages techniques, sur le partenariat, la coopération tout en conservant la référence au sport fédéral dans chaque APSA.

Le groupe féminin sélectionne des contenus valorisant la performance mais de manière moins constante, avec une moins grande homogénéité de groupe.

On peut dire que les enseignants des groupes masculin et androgyne (excepté les femmes androgynes) transmettent des contenus sexués, par la discrimination entre les filles et les garçons. Par ce biais, ils agissent comme les instruments qui consolident par un curriculum caché, les stéréotypes de sexe.

Tableau 9: Synthèse des différences sexuées selon les groupes
  + de différenciation filles garçons - de différenciation filles garçons
Gymnastique Hommes masculins
Groupenon différencié
Groupe féminin
Femmes masculines
Groupe androgyne
Badminton Groupe masculin Groupe androgyne
Handball Groupe masculin
Hommes androgynes
Groupe non différencié
  • Les groupes les plus porteurs de valeurs féminines (groupe androgyne et groupe féminin, mais aussi groupe non différencié) montrent davantage de situations favorables aux apprentissages et à l’investissement des filles (surtout les femmes).
  • La polarité masculin/ féminin se ressent sensiblement dans la sélection des contenus surtout en ce qui concerne le groupe masculin et les femmes du groupe féminin.

Toutes les différences mises en évidence par cette analyse contribuent à confirmer l’existence d’un curriculum caché qui définit la place du féminin et du masculin en EPS conformément aux études antérieures (Mosconi, 1989 ; Durut-Bellat, 1994). Ainsi sont transmises des valeurs, des compétences, des représentations, des rôles qui ne constituent pas des objets scolaires définis par les enseignants et qu’ils expriment pour la plupart à leur insu et en dehors de tout contrôle. Le curriculum caché n’est pas le produit d’une socialisation des élèves eux-mêmes, ici c’est l’enseignant qui en est à l’origine.

Par exemple, deux pratiques observées renforcent l’idée que l’EPS est une pratique de performance et de valeurs masculines qui développe des modalités pouvant nuire aux filles (Treasure et Roberts, 1999). La première est l’annonce à haute voix des notes et performances lors des évaluations (notamment remarquée en gymnastique) ; la seconde, le classement des élèves par le résultat des matchs en badminton. Or, ces deux modalités sont utilisées par plusieurs enseignants de groupes différents.