III.5. Conclusion et discussion à propos de la communication non verbale
La synthèse de cet indicateur de communication non verbale porte sur la présence ou l’absence de caractéristiques communes au sein ou entre les groupes de genre. La question posée était : la communication non verbale est-elle un indicateur des effets du genre de l’enseignant ? Si oui, ces effets comportent-ils des caractéristiques communes pour un même groupe de genre ? Le cas échéant, les effets du genre sont-ils différenciés selon le sexe ?
- La puissance de la voix est caractéristique des comportements de masculinité et de féminité conformément aux études antérieures et notamment aux items du BSRI. Les enseignants du groupe de genre masculin, hauts sur l’échelle de masculinité s’expriment d’une voix forte tandis que les enseignants du groupe féminin, hauts sur l’échelle de féminité s’expriment d’une voix douce. Pour les enseignants des groupes androgyne et non différencié, la puissance de la voix est peu caractéristique.
Des nuances sont à apporter quant à l’expression de la puissance vocale.
- Les femmes androgynes et les enseignants des groupes non différencié et féminin différencient la puissance de la voix selon qu’ils s’adressent aux filles ou aux garçons. D’une manière générale (excepté pour un enseignant) ils s’expriment d’une voix forte avec les garçons et d’une voix douce avec les filles. Cette remarque pour la puissance vocale est à mettre en parallèle avec l’éloignement ou la proximité spatiale. Avec les filles, les enseignants sont plus proches physiquement alors qu’ils interagissent de plus loin avec les garçons. Par cette procédure, les enseignants confortent les stéréotypes de sexe : douceur, discrétion et espace intime pour les filles ; force, expression publique et grand espace pour les garçons.
- Les groupes masculin et androgyne modulent la voix pour attirer l’attention des élèves sur les mots clés lors de la communication verbale ou pour renforcer l’idée du contenu de l’interaction. Les mots sont détachés syllabe après syllabe, prononcés avec insistance, allongés, liés. On ne retrouve pas cette modulation du tempo rythmé de la phrase pour les autres groupes, alors qu’elle constitue une manière supplémentaire d’attirer et de focaliser l’attention auditive des élèves. Tandis que dans les autres disciplines scolaires le support écrit permet de focaliser l’attention visuelle des élèves sur les mots clés en jouant sur la police, la couleur, les encadrés… en EPS les enseignants des groupes masculin et androgyne utilisent le même procédé décliné sous une forme auditive.
- Le groupe masculin amplifie la communication orale par une palette de mouvements cinétiques dans la même visée de renforcement du contenu. Il utilise ce moyen supplémentaire exprimant par la gestuelle caricaturale, les mimiques corporelles et pour les femmes par une véritable « mise en scène » du discours.
Les attitudes gestuelles sont variées suivant les groupes : les enseignants du groupe masculin expriment physiquement une aisance corporelle, laissent une impression forte par le jeu corporel qu’ils mettent en œuvre. Les groupes androgyne et non différencié montrent une attitude corporelle généralement plus neutre, avec davantage de distance physique par rapport aux élèves. Le groupe féminin exprime corporellement une attitude d’écoute, de sollicitude, se plaçant à la hauteur des élèves penchés vers eux ; une attitude reflétant les émotions.
Ces constats corroborent les stéréotypes de sexe : les individus masculins expriment corporellement force et puissance, usent de l’espace et de la gestuelle. Les individus féminins se centrent sur l’expression corporelle dans une attitude presque maternante, émotionnelle. On remarque que le groupe androgyne, pourtant à la fois haut sur les échelles de masculinité et de féminité, ne traduit pas ces stéréotypes à travers la communication non verbale et exprime un comportement plus neutre et retenu.
On ne remarque pas de similitude entre les individus de même sexe contrairement à ce que nous avons déjà rencontré pour d’autres indicateurs. La seule similitude de sexe est celle qui unit les femmes les plus hautes sur l’échelle de la masculinité (masculine et androgyne) à faire preuve de mimiques ou de mimes humoristiques ce qui conforte les interactions verbales d’humour dont elles font preuve
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Notes
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voir à ce sujet le paragraphe sur l’univers de l’enseignant pour l’indicateur climat affectif positif.