I.5. Conclusion et discussion à propos de l’organisation des élèves
Les indices larges de cet indicateur: la formation des groupes, l’installation du matériel, la gestion du temps et de l’espace, montrent une grande variabilité entre les enseignants et quelques similitudes par genre ou par sexe.
- Les modes de groupement dans cette activité sont en cohérence avec les remarques de Bordes (2002)
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ils sont effectués librement pour la plupart et respectent les affinités entre élèves. Les femmes du groupe de genre féminin et une femme du groupe de genre masculin procèdent différemment : elles imposent les groupes par nécessité selon l’agrès choisi ou le niveau soit par un choix délibéré de construire un travail collectif en groupe mixte.
- Concernant la gestion du temps, il n’y a pas d’organisation temporelle faisant consensus, elle est très variable suivant les individus : certains préfèrent un partage équitable à la minute près, d’autres suivent les nécessités et les variations du travail des élèves.
- Pour l’installation et la prise en charge du matériel, les deux hommes du genre masculin et l’un des hommes du genre féminin discriminent les actions d’organisation matérielle entre les filles et les garçons.
- Pourtant on peut remarquer surtout dans les activités badminton et handball où l’enseignant distribue un moins grand nombre de feed-back aux élèves, qu’il se replie sur une centration sur l’organisation spatiale et temporelle. Cette dimension semble transparaître davantage pour les femmes et paraît majorée par le genre féminin (plus on va vers le pôle féminin pour les femmes, plus cette caractéristique est remarquable). Or Berdot, Blanchard-Laville et Camara Dos Santos (1997)
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ont fait une remarque du même ordre lors du décryptage d’une leçon de mathématiques avec une enseignante. Ils soulignent que l’organisation spatio-temporelle soutenue par l’enseignante « lui permet de contenir avec fermeté le groupe d’élèves et de gérer à la fois des liens individualisés et une dynamique du groupe. Sa capacité contenante lui permet de construire une enveloppe psychique à l’intérieur de laquelle les élèves peuvent se mouvoir en toute sécurité, tout en restant sous son contrôle ».
On peut dire que les éléments d’organisation des élèves : formes de groupement, organisation temporelle spécifient peu d’indications sur le genre. Par contre l’installation du matériel, qui en gymnastique est souvent lourd, donne lieu à quelques différences de gestion des élèves filles et garçons : les « faibles petites filles » se débrouillent pour installer le matériel léger alors que les « costauds » aident l’enseignant pour le matériel lourd et se trouvent ainsi valorisés !
- Certains effets du genre sont mesurables à travers cet indicateur. Les valeurs sous-jacentes à l’organisation des élèves, sont légèrement différentes suivant les groupes de genre. Une constante : celle de l’autonomie qui est développée par tous les groupes. Mais les enseignants du groupe non différencié et plus encore ceux du groupe féminin ne les valorisent pas. De même la responsabilité des élèves dans leurs apprentissages ou dans leurs actions est fortement développée par les groupes masculin et androgyne et moins sollicitée pour le groupe non différencié, étant finalement absente pour le groupe féminin. On voit apparaître une tendance masculine pour ces valeurs de responsabilité et d’autonomie conformément aux stéréotypes du sexe masculin.
- Les effets du genre peuvent être confirmés ou nuancés par les effets du sexe.
La valeur de coopération présente dans trois groupes (sauf le groupe androgyne) est différenciée entre les femmes et les hommes. Pour le groupe du genre masculin, ce sont les deux femmes qui mettent en avant cette valeur. Pour les groupes non différencié et féminin, elle est prônée aussi bien par les hommes que par les femmes. On remarque que pour une femme du groupe féminin, elle est particulièrement employée avec les filles. On voit apparaître une tendance féminine pour cette valeur de coopération conformément aux stéréotypes du sexe féminin.
Notes
458.
Bordes, P. (2002). Déjà cité.
459.
Berdot, P., Blanchard-Laville, C. et Camara Dos Santos, M. (1997). Idem.