Chapitre 5. Discussion et ouvertures

A l’origine de cette étude, la notion de l’égalité d’accès et de chance des filles et des garçons à l’école aujourd’hui, est apparue comme un thème majeur, en particulier en EPS. Au terme de l’étude, il semble que les différences qui se font jour entre les filles et les garçons en EPS justifient l’emploi du terme d’inégalité dans le rapport que l’enseignant entretient avec chacun des sexes d’élève, inégalité qui se combine avec la connotation de l’activité physique support de l’enseignement. Les différentes formes que revêtent les contenus, les différentes interactions n’y changent rien, qu’il mette en œuvre (souvent inconsciemment) des subterfuges de séduction, d’autorité ou d’écoute individuelle, l’enseignant en EPS délaisse les filles en faveur des garçons. La connotation sexuée de cette discipline masculine s’y trouve par là renforcée. Si les filles ont du mal à entrer en activité physique, on peut les comprendre : notre étude montre qu’elles sont le plus souvent cantonnées à des rôles seconds, confrontées à des apprentissages plus faciles, parce qu’elles ont peur, qu’elles sont moins actives, qu’elles ont moins de capacité et qu’il leur faut plus de temps, parce qu’elles comprennent moins bien… tous ces indices finissent à la longue par les enfermer dans une image négative du corps qu’elles peuvent avoir face à l’effort sportif.

Ces généralités masquent les différences interindividuelles de la part des enseignants et le sexe permet d’éclairer certaines d’entre elles. Ni le savoir transmis en EPS ni son processus de transmission ne peuvent être qualifiés de neutres car l’enseignant joue de son sexe au cours de ces démarches. Qu’il soit un homme ou qu’elle soit une femme ne revient pas au même ainsi que le montre les résultats de l’étude. L’identité sexuée est bien prégnante dans le processus d’enseignement, elle se manifeste à travers l’observation des interactions dans l’analyse quantitative, dans la forme, la nature et le type que prennent les interventions entre l’enseignant et les élèves.

L’effet du sexe de l’enseignant est également révélateur pour les contenus et il est accentué pour la discipline féminine qu’est la gymnastique. Le sexe semble prédominant pour la démonstration de l’autorité qui se situe plutôt du côté des hommes ou le contrôle des élèves qui se révèle être davantage utilisé par les femmes.

L’identité de sexe n’est pas suffisante pour expliquer certains comportements sociaux. A partir du concept de genre on atteint à l’identité sociale de l’individu qui, certes, demeure une femme ou un homme mais qui devient masculin, androgyne, non différencié ou féminin. L’exploration de cette dimension permet de nuancer l’effet du sexe ou de l’amplifier selon différentes combinatoires qui s’expriment à travers les différents indicateurs utilisés pour l’analyse. Les aspects de la communication verbale et non verbale, du climat affectif ont révélé des effets du genre. En ce qui concerne les contenus et particulièrement la présence de stéréotypes relevant de l’apprentissage, le genre et le sexe se combinent dans un effet compensateur ou renforçateur selon les groupes.

Dans un premier paragraphe, ces données conclusives sont abordées dans un ultime effort de synthèse qui tend à regrouper par des schématisations graphiques les principaux résultats.

Puis, pour clore notre étude, nous souhaitons aborder deux axes de réflexion. Le premier est centré sur l’outil constitué par le BSRI et sur les caractéristiques du genre dans notre discipline. Le second est orienté sur des pistes de solutions, des propositions à mettre en œuvre pour faire progresser l’égalité des filles et des garçons dans notre système scolaire mixte : elles passent soit par l’enseignant, soit par des mises en œuvre.