III. Avancer vers plus d’égalité en EPS

III.1. « Sauver les garçons, protéger les filles ? Fausses pistes et mauvaises questions » 470 .

Faut-il vraiment sauver les garçons ? De qui ? De quoi ?

Pour le philosophe François Flahaut, il s’agit de sauver les garçons d’eux-mêmes, de leur fragilité qu’ils masquent sous des apparences de violence, de caïd, de rôles masculins emprunts de stéréotypes de la virilité masculine, pour montrer qu’ils sont des « Hommes ». Le pire pour un adolescent est d’être taxé de « gonzesse » ! Qualificatif auquel ils n’échappent que difficilement puisque s’ils discutent avec une fille ils sont appelés « pédés » et s’ils refusent de se battre « gonzesses ». En tout état de cause dès qu’un adolescent dévie de la voie des stéréotypes masculins, le jugement des pairs se fait entendre, immédiat et sans concession.

Faut-il protéger les filles ? De qui ? Des garçons ?

Les filles obtiennent de meilleurs résultats scolaires mais choisissent pourtant des orientations moins valorisées (Duru-Bellat). Les meilleurs résultats au baccalauréat pour les filles sont acquis depuis 1971, mais l’EPS fait exception car malgré des réajustements dans les barèmes et les évaluations, les filles obtiennent de moins bons résultats en EPS. Les écarts entre filles et garçons s’accentuent d’autant plus que les filles sont issues des filières littéraires (Vigneron, 2004) 471 .

Il convient toutefois de ne pas faire d’amalgame. Toutes les filles ne sont pas à protéger d’une immédiate et irrépressible fragilité. Tous les garçons ne sont pas « acros » aux stéréotypes dominants masculins. Pourtant il faut bien convenir que la vie ensemble des deux sexes dans les établissements scolaires ne se fait pas dans la tendresse ou la compréhension ! Le taux d’agression des jeunes filles, en constante augmentation, en est un exemple dommageable pour tous (Fize, 2005) 472 .

Sauver les garçons et protéger les filles, c’est d’abord faire le constat de ces différences de vie, d’expérience, de ressenti. Ensuite, il faut accepter ce constat comme démontrant une réelle inégalité s’exerçant entre les sexes à l’intérieur même du système éducatif qui se réclame pourtant égalitariste. Il convient enfin d’œuvrer dans ce sens en tant qu’éducateurs ou formateurs.

Notes
470.

Journée de débat à Lyon : Les filles et les garçons sont-ils éduqués ensemble ? mercredi 22 septembre 2004.

471.

Vigneron, C. (2004). Déjà cité.

472.

Site http//anas. travail-social.com le 2005-04-19