III.3. Y a t il des solutions à proposer ?

Si des solutions existaient, elles seraient déjà connues et mises en œuvre. En interrogeant les chercheurs, les formateurs ou les praticiens sur ce thème les réponses restent malheureusement bien floues.

Certes une première piste est de faire la chasse aux remarques sexistes ou aux injures dont les filles sont l’objet ainsi qu’à leur instrumentalisation comme « auxiliaires sociales ». Cela reste évidemment insuffisant pour modifier durablement l’état des lieux de la mixité scolaire. Pourtant on ne peut nier malheureusement qu’en EPS les filles ont du mal à trouver leurs marques et à s’épanouir.

La formation des enseignants semble un élément incontournable et primordial de réflexion. Si les plus jeunes sont sensibilisés à cette thématique, rares sont ceux qui se questionnent au moment de la mise en pratique, happés par les contenus d’enseignement. Une piste à proposer pour l’enseignant pourrait être celle de la recherche d’un enseignement le plus riche et le plus varié possible dans ses contenus, dans ses interactions, dans son univers. En utilisant une palette la plus large et la plus colorée possible tout élève doit pouvoir à un moment ou à un autre se sentir touché, concerné par l’activité pratiquée. Il reste ensuite à espérer que l’étincelle fasse son chemin. Certes celui-ci sera sans doute long et chaotique mais qu’importe, l’essentiel est de déposer en chacun le germe du respect de l’autre dans sa personnalité genrée et sexuée.

Quelles solutions concrètes peut-on apporter ?

Elles ne sont ni miraculeuses ni brillantes, elles ne constituent que des pistes mises en œuvre par la confrontation quotidienne à ce souci d’une meilleure égalité entre tous les élèves.

La psychosociale a démontré que pour souder un groupe il faut lui permettre de résoudre un problème commun, suffisamment difficile pour solliciter la coopération de tous et de toutes. C’est une première piste. Au lieu de privilégier un travail individuel que les garçons transformeront en enjeu de performance, un travail collectif en équipe mixte peut être une voie d’accès à discussion, négociation et prise en compte de l’expression de chacun(e) à condition que les rôles sociaux soient l’occasion d’un partage en commun et non d’une domination asymétrique des sexes.

La mise en pratique systématique d’une coopération de type tutorat au cours de séquences d’apprentissages moteurs dans des conditions précisées et contextualisées peut permettre aux élèves filles ou garçons de prendre en charge ponctuellement des camarades plus débutants ou moins motivés. Dans ce cas, il convient de valoriser le binôme qui a le plus progressé en fin de cycle.

Dans le contexte, il s’agit d’être le plus vigilant possible à tout les « petits riens » qui heurtent les sensibilités au quotidien et qui par leur répétition finissent par fixer les blessures. Entrer dans un gymnase les yeux bandés et l’on reconnaîtra le lieu à … son odeur ! Or les jeunes filles sont souvent sensibles à cet aspect, il est vrai parfois peu engageant. Un gymnase qui sent le cuir rance, la poussière, la transpiration voire pire n’est pas un lieu motivant ni convivial, lorsque les installations elles-mêmes datent d’une époque antédiluvienne et que la peinture s’effrite ou que le toit fuit les jours de pluie, il faut une certaine dose d’humour et de motivation pour venir avec joie en EPS !

Cela vaut parfois aussi pour les enseignants ! Des installations adéquates et du matériel en conséquence sont bien plus engageants. Mais les petits riens sont aussi au quotidien ce que fait vivre l’enseignant en cours d’EPS. Les formes de groupement, la spatialité, la temporalité, le type d’apprentissage, l’importance du dialogue de l’enseignant avec chaque élève créent également des conditions plus ou moins favorables. A partir de multiples petits riens on peut se surprendre à espérer atteindre un grand mieux, c’est ce que l’on souhaite pour que tous les élèves et notamment les filles accèdent à un corps libéré, construit, actif, sportif, assumé.