« Postlogue »

Je suis toujours enseignante en établissement scolaire, en collège pour être plus précise. En menant ce travail, j’ai vu mes sens s’exacerber, et mon acuité sur la thématique du genre s’aiguiser.

On parle souvent des choses qui fâchent, pourtant j’ai d’excellents souvenirs de mes années d’enseignement. Le premier temps fort fut le cadeau que me fit une fille, venue discuter avec moi un peu à part du cours pour me dire : « madame grâce à vous j’ai eu envie de faire du sport, je me suis inscrite au club d’athlétisme ».

Bien sûr j’ai ressenti un sentiment de fierté, mais a posteriori je me suis dit qu’avec cette fille j’avais gagné quelque chose, je lui avais permis d’aller vers une forme de liberté.

J’ai envie de rapporter, en forme de clins d’œil, quelques morceaux choisis qui m’ont interrogée, fait rire, ou agacée.

Depuis quelques années je me trouve la cible de lapsus dits « révélateurs ». La première fois qu’une fille m’a appelé « monsieur » j’ai cru qu’elle se moquait de moi ! Depuis c’est une chose presque banale. Je prends alors un air affolé et demande en plaisantant si « j’ai oublié de me raser la moustache ce matin » !

D’autres élèves m’appellent « maman » ce qui est plus conforme à mon rôle mais quelle confiance ils mettent en moi : cela ferait presque peur !

Enfin le même élève peut m’appeler de l’un ou l’autre des lapsus dans le cours de la même leçon…. Je devrais consulter un psychanalyste !

Heureusement, à la maison je retrouve mon mari et mes enfants et là je sais que je suis une « femme ».