2. Exemples particuliers

Dans son livre, Flanders (1960) donne une idée sur l’analyse des stratégies d’enseignement qui dépend de l’objectif de recherche que fixe l’observateur au moment où il effectue l’observation. Il pose le problème du choix des catégories pour l’observation et les symboles respectifs pour chaque catégorie. Le système de l’analyse des interactions comprend quatre étapes (Flanders, 1960, p 29) :

  • La catégorisation : chaque catégorie est définie clairement
  • La procédure d’observation
  • Organisation des données pour décrire l’événement original
  • Les applications au moment des observations

Ce système d’analyse des interactions peut combiner des données vidéo ou audio (ibidem, p31). L’auteur a établi des catégories pour l’analyse des interactions en termes d’influence directe ou d’influence indirecte de l’enseignant. Son travail a consisté à produire une grille de catégories de comportement de l’enseignant et de comportement de l’élève et de trouver des liens entre les deux en produisant des corrélations. Il n’a pas essayé de répondre à la question pourquoi et comment l’enseignant réagit en classe, il estime que le rôle de l’enseignant peut changer selon la situation en classe et il a essayé de trouver les composantes ponctuelles de ce rôle. Flanders (Postic, 1977, p.75) a avancé plusieurs concepts pour définir le comportement de l’élève :

  • La forte dépendance : les élèves recherchent volontairement des moyens supplémentaires de renforcer l’autorité du professeur.
  • La dépendance moyenne : le professeur mène une action pour guider les élèves dans des activités qu’ils n’ont pas sollicités.
  • La faible dépendance : les élèves mènent leurs activités sans solliciter constamment des directives de l’enseignant.
  • L’indépendance : les élèves mènent leurs activités d’une façon autonome.

Les deux concepts de dépendance et d’indépendance sont fortement liés aux choix que fait l’enseignant pour exercer son influence (ibidem, p77) :

  • L’influence directe : l’enseignant affirme ses idées, dirige l’activité de l’élève, critique sa conduite, justifie son autorité et l’usage qu’il en fait. L’influence directe accroît la dépendance de l’élève.
  • L’influence indirecte : l’enseignant sollicite les idées des élèves, encourage leurs participations, accepte et clarifie leurs sentiments.

Un des postulats avancés est que le potentiel d’apprentissage des élèves est inversement proportionnel à leur degré de dépendance.

Le système d’analyse des interactions mis au point contient trois grandes catégories : les actes verbaux de l’enseignant, les actes des élèves et silence ou confusion. Ce système contient 10 catégories qui seront présentées dans le tableau ci-dessous (Flanders, 1960, p. 33) FIAC (Flanders Interaction Analysis Categories) :

Catégories Type d’influence
Comportement verbal de l’enseignant
1. Accepte les sentiments des élèves
2. Fait des éloges ou encourage
3. Accepte ou utilise les idées des élèves
4. Pose des questions
Influence indirecte
5. Fait un exposé
6. Donne des directives
7. Critique où en appelle à son autorité
Influence directe
Comportement de l’élève
8. Répondre aux questions
9. Prend spontanément la parole
Silence ou confusion 10. Silence ou confusion

Le codage dans ces catégories s’effectue au moment de l’observation toutes les trois secondes en colonne. La séquence trouvée est enregistrée dans une matrice 1010. Les chiffres sont groupés par paires et le premier chiffre est placé dans une rangée et le deuxième dans une colonne. Pour l’interprétation de la matrice, un enregistrement sur une activité homogène est nécessaire. L’interprétation de la matrice s’effectue sur les colonnes qui représentent les interventions du professeur et celles des élèves. Le rapport entre l’influence directe est l’influence indirecte est déterminée par le nombre total des catégories 1,2, 3, 4 par rapport au nombre total des catégories 5, 6, 7. D’autres calculs de pourcentage pourront être fait. L’analyse des aires de la matrice donne les aires qui ont le poids le plus important et permet donc de décrire l’action de l’enseignant.

Un deuxième travail a été élaboré dans la même lignée, celui d’Amidon (1966), qui a élaboré une grille d’analyse «Verbal Interaction Category System » des interactions qui s’inspirait de celle de Flanders  ; elle est caractérisée par : 

  • Des catégories de l’enseignant qui sont présentées en termes d’initiation et de réponse.
  • Les types de questions de l’enseignant sont dissociés en questions étroites et questions larges.
  • Les réponses des élèves sont dissociées en réponses prévisibles et réponses imprévisibles.
  • Les catégories 5 et 6 sont subdivisées en trois sous-catégories acceptation des idées, des attitudes, des sentiments.
  • Les catégories 7, 8, 9, et 10 sont devenues propres à l’élève (par rapport à l’enseignant ou par rapport à un autre élève)
  • Une catégorie z : confusion qui est enregistrée quand il y a un comportement verbal étouffé ou une rupture de parole brusque.
  • Des chiffres en exposant marquent le changement de personne.

Le système VICS vient compléter celui de Flanders. Il tient compte des interactions professeur/élève et élève / élève. Ce système spécifie le changement de locuteur dans l’interaction ce qui donnera peut-être plus d’information au moment de l’analyse de la matrice.