3. Compréhension conceptuelle et approche communicative au cours de la tâche

a. Techniques routinières de l’enseignant

Nous définissons dans ce paragraphe quelques techniques routinières que nous avons déterminées à partir de l’analyse a posteriori des tâches transcrites, nous considérons dans la ligne de Chevallard (1995) qu’une technique est routinière quand elle est répétée plusieurs fois et de la même façon pendant différents moments de la séquence d’enseignement.

L’enseignant suit plusieurs techniques qui, estime-t-il, aident les élèves à construire une compréhension conceptuelle. Elles sont réalisées selon une approche interactive / discours faisant autorité ou non interactive / discours faisant autorité.

Nous prenons l’exemple d’une technique routinière « donner la réponse ». Quand il estime que la situation pose un problème délicat pour les élèves, l’enseignant donne la réponse, en suivant une approche non interactive / discours faisant autorité, après avoir laissé beaucoup de temps aux élèves pour chercher. Au cours de la tâche 12, au moment de la construction du schéma pour la loupe, une difficulté majeure pour la construction concerne l’image du point B qui est obtenue en prolongeant les rayons émergents. Les élèves ne parviennent pas à tracer le schéma sans l’aide de l’enseignant qui donne la réponse.

Un deuxième exemple de technique routinière est « la reprise des réponses ». Au cours de la tâche 0, l’enseignant reformule une réponse de Mathieu « les lentilles » (0/18) et la met en forme pour développer le déroulement de l’étape « les lentilles (15s) dites-le (30s) mets moi ça (2s) est-ce que vous avez fini (?) (5s) alors (3s) vous y êtes tous (?) vous pouvez me dire quelques souvenirs comme ça (!) » (0/24). L’enseignant suit une approche interactive / discours faisant autorité en utilisant cette technique puisqu’il relance l’échange interactif avec les élèves en reformulant leurs réponses. Il utilise parfois une approche interactive / dialogique pour retransmettre une verbalisation d’un élève à toute la classe.

Un troisième exemple de technique routinière est « lien entre les deux mondes ». Quand l’enseignant explicite le lien entre les deux mondes et fait la différence entre les mots de chaque monde, il utilise la méthode interactive/discours faisant autorité car il estime probablement que les élèves n’ont pas encore les outils pour distinguer les deux mondes. Au cours de la tâche 0 et au moment de l’introduction et du commentaire du texte du modèle, l’enseignant fait le lien avec la théorie « réfraction » et les propriétés du modèle en demandant aux élèves de lire l’alinéa six puis de discuter de cet alinéa en faisant le lien avec les éléments de l’expérience. Les élèves suivent le fonctionnement de l’enseignant (0/269-278).

Un quatrième exemple de technique routinière est « dicter le bilan ». L’enseignant stabilise les connaissances des élèves en dictant autoritairement une phrase de clôture qui représente le bilan et fait le lien entre le phénomène de la réfraction et les alinéas du modèle (0/287-289). Cette technique se fait toujours par une approche non interactive / discours faisant autorité.

Cette présentation des diverses techniques routinières de l’enseignant n’exclue pas l’existence d’autres techniques que nous n’avons pas présentées vu leur fréquence d’apparition pour la séquence et leur non importance pour l’analyse que nous menons.

Ces techniques présentent un moyen pour l’enseignant pour aider les élèves à avoir des repères pour la construction de la compréhension.