Les enseignants entretiennent des rapports difficiles avec les théories pédagogiques et les sciences de l’éducation. V. F. Tochon, dans l’extrait précédent, suggère qu’une des conséquences de ces théories sur les pratiques enseignantes serait d’isoler encore un peu plus les enseignants, Un peu plus loin, il va même jusqu’à écrire que :
‘« la volonté d’imposer des idées et de généraliser des concepts semble démolir plus que construire la stratégie d’efficacité dont la mise en place est prônée. » 13 ’Les sciences de l’éducation isoleraient l’enseignant, et dans une certaine mesure, elles détruiraient ce que l’enseignant sait bien faire pour mettre à la place, d’autorité, des pratiques hasardeuses et contre-productives. Globalement pourtant, l’effet de tout ce travail théorique serait à peu près nul. Tochon poursuit :
‘« Bien que des théories variées semblent circuler de colloques en congrès, la pratique enseignante et la relation pédagogique resteraient à peu près inchangées. Les théories changent, les pratiques semblent persister». 14 ’Peut-on dire que les sciences de l’éducation, à part quelques effets négatifs, n’auraient, globalement, aucun effet réel sur la pratique enseignante ? Peut-être. Le savoir des enseignants experts n’apparaît pas comme un objet à transmettre, puisqu’il s’est constitué sur des bases personnelles et qu’il est fondé sur une « abstraction réfléchie » qui conduit à un comportement « déviant » par rapport aux comportements enseignés dans les instituts de formation.
TOCHON F.V., 1993, L’enseignant expert, Nathan / pédagogie, Paris p 20
TOCHON F.V., ibid., p 21
TOCHON F.V., ibid., p 22