3.6. Les routines d’action correspondent aux plans mentaux de l’intelligence artificielle

En intelligence artificielle, on ne parle pas de routines comme le fait Tochon, mais de plans, ou de plans mentaux. Un plan mental constitue un support à l’action. Un plan est défini comme une structure hiérarchisant une série d’actions. Mais le plan est aussi représenté mentalement d’une façon symbolique. Un plan peut jouer un double rôle : il sert à décrire des stratégies sous forme symbolique, et il sert aussi de support à leur exécution. Schneider, définit le plan de cette façon :

‘Un plan est défini comme une hiérarchie d’instructions, c’est-à-dire qu’il est une description procédurale d’un comportement mettant l’accent sur l’exécution d’actions en bonne séquence. Dans les termes de Miller et al. (60:16): « A plan is a very hierarchical process in the organism that can control the order in which a sequence of operations is to be performed”. Cette définition post-behavioriste a ses attraits. Le plan comme modèle concorde avec notre volonté de pouvoir décrire des processus et des capacités mentales comme des structures symboliques. Mais il est également un objet opérationnel, c’est-à-dire, exécuté, il sert à piloter et à exécuter des actes. Le « plan » de Miller et al. est un véhicule général qui sert à la fois à décrire des stratégies très abstraites de comportement ainsi que les opérations détaillées à effectuer à l’intérieur d’un plan global 31 .’

Leur organisation et la gestion des plans se fait à partir des « images » :

‘Un organisme a également besoin de ce que Miller et al. appellent des images. Ce sont des représentations symboliques complexes sur l’organisme lui-même et sur son environnement. Ils contiennent par exemple les noms des plans dont il dispose. En complément, les plans peuvent à leur tour contenir des images sur les objets intervenant dans un processus de résolution de problème. Il existe aussi des plans nécessaires à la création et la maintenance de ces images. 32

Les plans permettent une organisation rapide de l’action sans requérir une analyse très approfondie. Ils donnent aussi la possibilité d’organiser l’information en l’associant au contrôle de l’activité. L’organisation en plan laisserait à penser que la rapidité de réaction de l’enseignant dans l’action est surtout dûe à une représentation organisée des connaissances qu’il a construites dans l’action.

‘La complexité ne se définit pas uniquement en termes de complexité de la recherche (heuristique), mais aussi en termes de variété et de complexité de l’information à laquelle le décideur a accès. Voilà pourquoi nous devons nous intéresser également de près à la question de représentation, dont certains disent qu’elle est plus importante que celle du savoir heuristique de « recherche » d’une solution. 33

L’abduction pourrait reposer sur une organisation des connaissances opératoires largement hiérarchisées, avec une certaine possibilité d’adaptation.

Notes
31.

SCHNEIDER Daniel K, Thèse citée, Chapitre 2, Les plans et la structure du comportement mental, paragraphe 1,3

32.

SCHNEIDER Daniel K, ibid, 7,3,1

33.

SCHNEIDER Daniel K, ibid, 7,3,1