3.7. La rapidité de décision de l’enseignant interactif expert reposerait sur négociation rapide entre des plans mentaux

Un plan peut concerner ce qu’on appelle la discipline en classe. Un enseignant chevronné sait très bien les actions qui peuvent conduire à un certain ordre dans la classe. Ce plan va faire qu’il va mettre en place une série d’actions qui vont assurer le calme dans la classe. Ces actions concernent aussi bien le ton de la voix, des gestes que des actions proprement dites. Cet ensemble se présente de façon cohérente. Un autre plan peut concerner l’apprentissage et, par exemple, porter sur toutes les actions qui devraient être mises en place pour que les élèves apprennent selon un schéma constructiviste : exploration, travail en groupe, reformulation de problèmes. Ce plan, sous bien des aspects, peut entrer en contradiction avec le premier. L’enseignant devra faire une pondération entre ces deux plans, donner une prépondérance à l’un par rapport à l’autre, ce qui peut le conduire à détruire les effets de l’un pour obtenir les effets de l’autre. Si un plan se trouve trop difficile à mettre en œuvre, il sera tout simplement abandonné.

Un plan reste cependant un modèle souple, pouvant faire l’objet de réorganisation en cours d’action. Il peut faire l’objet de perfectionnement constant à partir d’une réflexion en cours et après l’action. Un enseignant peut utiliser plusieurs plans en même temps, ce qui n’empêche pas ces plans de rester distincts. L’utilisation simultanée de plusieurs plans peut constituer une stratégie gagnante ou non. Les plans gardent leur spécificité, et même s’ils sont utilisés dans les mêmes circonstances, il n’y a pas osmose. Par exemple, un enseignant veut utiliser un plan lui permettant une gestion harmonieuse dans la classe, et un plan qui permettrait à ses élèves d’intérioriser ce qu’ils lisent ou entendent avant de commencer un travail. Il est possible que l’on constate que la mise en œuvre du second facilite la mise en œuvre du premier. Dans ce cas, les plans ne seraient plus contradictoires, mais au contraire, complémentaires. Il reste que l’enseignant ne va pas fondre les deux plans en un seul, et qu’il pourra décrire les actions qu’il conduit pour avoir le calme en classe et celles qui vont conduire les élèves à intérioriser. Les deux plans vont continuer à exister, même si l’un peut, dans certaines circonstances, renvoyer à l’autre.