3.11. L’enseignant interactif pourrait développer une attitude réflexive en analysant ses plans mentaux et, à partir de là, changer son enseignement

La notion de plan mental semble fournir des éléments de modélisation de la conduite de l’enseignant. Elle nous permet d’interpréter un certain nombre de faits, comme la différence de planification des enseignants novices et des enseignants experts, comme l’apparent manque de cohérence des référents théoriques des enseignants, Elle donne une interprétation de la rapidité de décision nécessaire à l’action dans la classe, fondée sur une approche « abductive ».

Cette notion de plan est maintenant utilisée, par exemple, dans le cadre de dialogues entre locuteurs éloignés. Les techniques de « reconnaissance de plans » permettent de construire une représentation plus fine d’un locuteur et de construire un modèle de sa façon d’agir. Il est possible alors de reconnaître un des plans que l’interlocuteur met en place, et donc d’anticiper ses réactions, ce qui peut favoriser la mise en place des mécanismes collaboratifs. Il y a de nombreuses techniques de « reconnaissance de plans » et le travail de recherche dans ce domaine est particulièrement actif.

La notion de plan mental se révèle efficace pour anticiper un comportement Il serait intéressant de mener des analyses de « reconnaissance de plan » pour amener les enseignants à prendre conscience des plans qu’ils utilisent. Ce pourrait être un facteur intéressant d’évolution des pratiques, le plan servant aussi bien de support à l’action qu’à son analyse et à sa préparation.

On sait que l’enseignant expert se distingue par sa capacité à réfléchir sur ce qu’il fait dans et après l’action. Il semble revenir mentalement dessus pour s’en faire une critique, critique qui participe aussi un à projet : si la séquence d’actions se révèle efficace, ou s’il juge que certaines modifications vont en faire une séquence efficace, cette séquence sera mémorisée pour être utilisée dans une situation analogue. Le plan semble être associé à une représentation, souvent imagée qui facilite son rappel. Si la réflexion se fait bien au niveau des plans mentaux, c’est-à-dire à un niveau global et déjà organisé, elle peut conduire, au moment de l’action, à une adaptation stratégique plus souple correspondant à un ajustement progressif des plans, à leur classification et à leur mise en mémoire. Si elle se fait, comme dans le cas du novice, à un niveau beaucoup plus local, elle ne va pas permettre ni la souplesse des interventions futures, ni la constitution de stratégies.